Toujours défenseuses du terroir | Journal de Morges
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Toujours défenseuses du terroir

Toujours défenseuses du terroir

Les Paysannes vaudoises du groupe de Pampigny, Apples, Sévery, Cottens qui fête ce week-end ses 70 ans, doivent, à l’image des autres sections du canton, se renouveler pour perdurer. Photo: Bovy

Ce week-end, le groupe de Pampigny, Apples, Sévery, Cottens fête ses 70 ans. L’occasion de revenir sur une véritable institution cantonale qui, a plus de 90 ans, cherche à se renouveler pour continuer à attirer du monde.

On les a toutes croisées au moins une fois, lors d’un apéritif, ou avec leur costume traditionnel accompagné du chapeau à cheminée. Les Paysannes vaudoises ont célébré 90 ans en 2021, mais restent modernes selon leur présidente, Mireille Ducret. «Augusta Gilabert-Randin a décidé à l’époque de fédérer les paysannes du coin pour valoriser leurs produits et les commercialiser, c’était non seulement un moyen de pouvoir améliorer leur quotidien financièrement, mais aussi une vision avant-gardiste de mettre en avant leurs produits par la transformation. Aujourd’hui, favoriser les produits locaux et partager le terroir, on est toujours en plein dedans.»

Avec quelque 5300 membres sur tout le territoire vaudois, l’association des Paysannes vaudoises (APV) fait partie des «7 Grands» (ndlr: les sept plus grandes associations du canton). Mais si elles sont connues et reconnues depuis de longues décennies, elles doivent prendre le tournant de la modernité pour que leur organisme subsiste. «On a eu été un tiers de plus qu’actuellement, concède Mireille Ducret. On perd chaque année 2-3 % de nos membres. Ça va avec la diminution de tout ce qui est ruralité, c’est aussi 2-3% d’exploitations qui disparaissent annuellement.»

Étymologiquement, ça signifie femmes du pays. Et je crois qu’il n’y a rien de mieux pour nous définir

Laure Chevalley, présidente du groupe Pampigny et environs

Mais les abeilles – en lien avec leur logo qui met en avant le côté travail et social de ces insectes – se battent pour faire perdurer des valeurs qu’elles jugent être le socle de leurs activités. «Le partage, l’amitié, l’entraide, les connaissances sont ce qui nous réunissent», détaille Maud Solliard, présidente du groupe de Saint-Prex qui compte une cinquantaine de membres.
Les 73 groupes régionaux (dont 9 dans le district) organisent chacun des cours durant l’année, que ce soit de cuisine, de décoration, d’artisanat, tout est possible et dépend de la motivation et imagination des comités. «Il faut trouver des choses qui correspondent à toutes les générations et parfois on tombe à côté, c’est le risque, soulève Laure Chevalley, présidente du groupe Pampigny, Apples, Sévery, Cottens. C’est aussi pour cela qu’il est important de renouveler les idées et celles qui les mettent sur pied.»

Un nom qui freine

Reste que les Paysannes vaudoises souffrent, de l’avis de toutes, d’une image un peu vieillotte. «On s’imagine un club de tricot», image en souriant Maud Solliard.
La présidente cantonale confirme. «Le terme de ‘‘paysannes’’ nous dessert. Certaines qui n’ont pas de lien avec un métier de la terre se sentent ‘‘hors catégorie’’. Mais par quoi faudrait-il le remplacer? En allemand c’est plus simple, on parle de ‘‘Landfrauen’’, mais en français ça donne ‘‘femmes rurales’’, c’est affreux. Donc on garde notre nom, faute de mieux.»

De l’avis de Laure Chevalley, il ne faut surtout pas changer. «Étymologiquement, ça signifie femmes du pays. Et je crois qu’il n’y a rien de mieux pour nous définir. On met en avant le terroir, on le promeut. C’est plutôt la communication qu’on doit travailler pour que les intéressées ne s’arrêtent pas au mot ‘‘paysannes’’ et se sentent exclues d’office.» Même son de cloche du côté du groupe de Saint-Prex. «Le défi, c’est de dépoussiérer l’image que l’on a de nous, pas nos activités. Comment faire par contre? C’est là qu’on doit réfléchir, car c’est difficile de savoir par où commencer et de quelle manière toucher les gens.»

Pérenniser

Pour trouver une relève, les Paysannes vaudoises comptent essentiellement sur le bouche-à-oreille. «Ce qui était plus simple auparavant, c’était qu’en campagne, on faisait partie d’une jeunesse puis on se mariait, on avait des enfants et on rejoignait les Paysannes. C’était une suite logique qui ne l’est plus forcément aujourd’hui, remarque Mireille Ducret. Actuellement, l’offre est différente, les gens déménagent. Toute la société a changé et il y a aussi moins d’attache à la région. Mais finalement, on fait face aux mêmes défis que toutes les sociétés locales.»
À Apples, le modèle fonctionne, pour le plus grand plaisir de la présidente. «À titre personnel, j’ai débarqué de Lausanne et rejoindre les Paysannes vaudoises était pour moi un moyen de m’intégrer, raconte Laure Chevalley. Il est nécessaire que l’on insiste sur ce point, car c’est une société géniale où les cotis ne sont pas chères et où il n’y a aucune obligation. Si une activité ne nous plait pas, on n’y va pas. Donc ça n’engage à rien, il faut oser essayer.»

Dans ce groupe de 88 membres où 12 femmes ont moins de 50 ans, la moitié de celles-ci faisaient anciennement partie d’une jeunesse. Un avantage pour les Paysannes vaudoises. «Elles viennent avec des copines, pour retrouver ce qu’elles avaient et apportent des idées nouvelles, détaille Laure Chevalley. De plus, elles sont un atout précieux pour l’organisation de manifestations, car elles ont déjà toutes vécu ça.»

Même si les années passent, les Paysannes vaudoises ne comptent pas se laisser démoder sans bouger, mais bien poursuivre leurs actions toujours en gardant le terroir comme étendard.

Un marché pour fêter

C’est ce week-end que le groupe des Paysannes vaudoises de Pampigny, Apples, Sévery, Cottens fête ses 70 ans. Pour l’occasion, les membres du groupe organisent un marché artisanal au collège du Léman à Apples dimanche 30 avril de 9h à 17h. «L’idée est venue du fait qu’on a pas mal d’artisanes dans notre groupe et c’était l’occasion de mettre en avant ce qu’elles font», explique Laure Chevalley. Qui poursuit: «Tout le monde met la main à la pâte et s’investit, c’est un plaisir de mettre cet événement sur pied». Pour preuve, des dizaines de kilos de frites fraîches ont été préparés dans le courant de la semaine afin de sustenter les visiteurs.

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