À Morges, les années glissent sur les as du balai | Journal de Morges
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À Morges, les années glissent sur les as du balai

À Morges, les années glissent sur les as du balai

Michel et Malou Morisetti, Silvia Ciganek, Pierre-André Laubscher, Claude-Alain Glauser et Camille Delay. Photo: Philippoz.

Le club de Morges a soufflé ses soixante bougies cette année, et affiche une vitalité toujours intacte. Le président et quelques membres de longue date témoignent.

Nulle obligation de prendre de l’altitude et grimper à Leysin, Champéry ou encore Crans-Montana pour jouer au curling. En ce sens et depuis l’absence de glace à Lausanne (lire encadré), Morges et ses trois pistes des Eaux-Minérales font figure d’oasis dans la région lémanique, les autres installations les plus proches se situant à Genève, Neuchâtel et Bienne. «Pour une ville, c’est quelque chose de particulier», confirme Claude-Alain Glauser.

Président du Curling Club Morges depuis 2020, il se réjouit de la «belle longévité» de l’institution, qui a fêté ses 60 ans cette année. «C’était important de marquer ce cap, car on voit une vraie évolution du club, que ce soit au niveau des infrastructures ou du nombre de membres, par exemple.» Après un grand repas il y a quelques jours, le club organisera en 2024 un tournoi en Écosse, berceau du curling, pour marquer le coup.

Démocratisation

En attendant, ce n’est pas Malou Morisetti, l’une des premières curleuses de l’histoire d’un club où elle aura officié durant 53 ans (jusqu’à l’année dernière et une opération à la main droite), qui contestera qu’il y a eu du changement. «Au début, les femmes n’étaient pas vues d’un très bon œil, témoigne-t-elle. Je dirais que ça a mis au moins cinq ans pour se généraliser.» Aujourd’hui, hommes et femmes se réunissent joyeusement au sein des équipes, notamment lors des rendez-vous mensuels où celles-ci sont tirées au sort pour mélanger les niveaux et créer de nouvelles affinités. «C’est aussi l’un des éléments qui aident à créer une bonne ambiance, estime le président. Nous avons la chance de ne pas avoir de “clans” au sein de nos membres.»

«Doyen» du club au sens où il est le plus âgé des membres à encore jouer régulièrement, Pierre-André Laubscher, 80 hivers dont une soixantaine sur la glace au compteur, confirme «l’esprit de famille» qui règne au CC Morges. Mais aussi que la discipline s’est démocratisée: «Lorsque j’ai commencé, c’était une certaine élite qui jouait, des docteurs et autres, se souvient-il avec amusement. Le curling spirit veut que l’on offre un verre à l’adversaire, mais comme jeune, quand on devait leur payer des whiskys avec une paie d’apprenti, c’était un peu difficile!»

 

Maison embellie

Le jeu est devenu de plus en plus tactique en même temps que les conditions pour le pratiquer se sont améliorées. La qualité accrue de la glace a par exemple rendu les lancers moins physiques, ce qui a contribué à accroître le côté tout public de ce sport.

À leurs débuts, les curleurs morgiens évoluaient sur deux pistes extérieures sans couvert, synonymes de conditions difficiles, voire carrément impraticables, selon la météo.

«Et on avait toujours peur qu’un puck de hockey nous tombe dessus depuis la patinoire d’à côté!», raconte Malou Morisetti, qui a d’ailleurs été vice-championne suisse. Au fil du temps, un abri a été construit, puis des parois, et c’est en 1968 que les membres ont pu disputer leurs ends sur des pistes couvertes. Une première en Suisse romande, à l’époque.

Bien grandir

Avec 200 membres actifs (chaque édition des Jeux olympiques amène une vague de curieux), l’espace approche aujourd’hui du maximum de sa fréquentation, selon le comité. «Trente équipes participent au tournoi interne et c’est très rare qu’il y ait une piste de libre», résume Claude-Alain Glauser. Raison pour laquelle le CC Morges plaide pour la création d’une quatrième ligne, dans le cadre du projet d’assainissement de la patinoire entamé par la Ville. «Cela nous permettrait de poursuivre notre développement, mais aussi d’accueillir des compétitions plus importantes.»

Or grandir ne doit pas impliquer de se trahir, et les membres soulignent l’importance de préserver une bonne cohabitation entre le groupe loisir et les compétiteurs – deux équipes juniors évolueront d’ailleurs en Ligue A cette année. «Notre club est axé sur la convivialité et une philosophie de sport pour tous, résume le président. Je tiens vraiment à ce que l’on conserve notre bonne ambiance et le mélange des générations.»

Et Pierre-André Laubscher, qui fut un temps champion suisse chez les vétérans, d’illustrer cette dernière caractéristique par une anecdote personnelle: «Il y a une dizaine d’années, j’avais pu jouer en équipe avec mon père et mon fils, c’était génial. Le curling est un sport avec énormément de fair-play, puisqu’il n’y a pas d’arbitre, et quand on croche, on ne lâche pas.»

Lausanne sous leur aile

Construite en 1975, la halle de curling d’Ouchy a été définitivement fermée le 31 décembre 2022 en raison de la vétusté des installations techniques. En attendant une nouvelle antre plus spacieuse et durable, certains curleurs de la capitale olympique ont trouvé refuge aux Eaux-Minérales. «Trois équipes nous ont rejoints et nous avons intégré leurs juniors chez nous pour qu’ils puissent jouer», résume Claude-Alain Glauser. À cela s’ajoutent aussi les membres du Mouvement des aînés, qui jouent les matins. Ainsi qu’une équipe de curling en fauteuil roulant, depuis environ un an.

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