Ça ira mieux demain… De la lumière à un anonymat salutaire
Voici le plein de nouvelles pas toujours vitales pour l’avenir de la planète, mais qu’on a à cœur de partager avec vous! Cette semaine, notre journaliste vous raconte l’histoire d’une rappeuse bien connue.
Mélanie Georgiades. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vous avez sans aucun doute déjà entendu son nom de scène: Diam’s. Cette rapeuse française a fait carrière dans les années 2000, autant dire que ses chansons ont bercé mon adolescence et qu’aujourd’hui encore, je ne me lasse pas de les fredonner.
Si je veux vous parler de Diam’s dans cette chronique, c’est parce que son histoire me touche et qu’elle est, je pense, assez révélatrice de certains maux de notre société.
Celle qui se chantait «Petite banlieusarde» faisant «du rap pour [se] libérer du mal» est devenue une véritable icône de la jeunesse française. Engagée, notamment contre le Front national à l’époque avec sa chanson «Marine», qui s’adressait à celle qui n’était encore que la «fille de» Jean-Marie Le Pen. Extrait: «Marine, on ne sera jamais amies parce que ma mère est française mais qu’je ne suis pas née ici. Marine, regarde-nous, on est beau, on vient des quatre coins du monde, mais pour toi on est trop. Ma haine est immense quand je pense à ton père. Il prône la guerre quand nous voulons la paix.»
Dans le milieu très «viril» – pour ne pas dire carrément macho – du rap de l’époque, Diam’s s’impose en porte-parole de sa génération et triomphe, donnant à son style musical une reconnaissance médiatique qui perdure.
Pourtant, et alors qu’elle est au sommet de sa gloire, la rappeuse sombre. Elle fait une dépression et se retrouve internée en hôpital psychiatrique. À sa sortie, elle fera même une tentative de suicide. Une période de sa vie qu’elle a racontée, comme à son habitude, dans une chanson: «J’ai posé un genou à terre en fin d’année 2007. On m’a dit Mel’, soit on t’interne soit on t’enterre. Qui l’aurais cru moi la guerrière j’ai pris une balle en pleine tête, une balle dans le moral il parait que j’ai pété un câble. Paraît que j’ai fait dix pas vers dieu depuis que j’ai sombré. Paraîtrait même que je vais mieux depuis qu’on m’a laissé tomber. Car c’est comme ça dans la vie quand tout va bien t’as plein d’amis. Puis quand t’éteins t’entends une voix qui dit «t’es seule, Mélanie».»
Preuve que, même lorsque l’on a tout et que l’on croit avoir une vie de rêve, on n’est pas forcément heureux. Pour Diam’s, ou Mélanie, c’est grâce à la foi, à l’Islam, qu’elle a trouvé un équilibre dans sa vie. Pourtant, en 2009, un cliché volé à la sortie de la mosquée où on l’aperçoit avec un voile fait scandale dans une France en plein débat sur son interdiction.
Et si l’artiste manque, les chansons restent, les messages aussi. Libre à ceux à qui ils parlent de les faire perdurer
Après un an de retrait médiatique, et avant de mettre un terme à sa carrière, elle sort un dernier album. Dans celui-ci, elle s’explique: «Je suis sortie de ma bulle, j’ai pris le temps de regarder l’Afrique et de contempler la lune. Cette société n’est qu’une enclume. J’ai couru après le fric, quitte à y laisser ma plume.» Suite à cela, Mélanie a quitté la France pour le Moyen-Orient où elle est mariée, avec deux enfants et gère une fondation qui finance un orphelinat et des distributions de repas en Afrique.
Au grand regret de ses fans – y compris moi –, Diam’s ne foulera plus les scènes et ne dénoncera plus les injustices, mais Mélanie a trouvé une voie lui permettant de vivre en paix, loin du star système. N’est-ce pas ça le plus important finalement? Et si l’artiste manque, les chansons restent, les messages aussi. Libre à ceux à qui ils parlent de les faire perdurer. Pour ma part: mission accomplie.
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