De la piscine de Morges aux Jeux olympiques | Journal de Morges
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De la piscine de Morges aux Jeux olympiques

De la piscine de Morges aux Jeux olympiques

Rachel Moret a décroché son billet pour Tokyo après une longue attente. Photo: ETTU Official

La Préverengeoise Rachel Moret qui s’entraîne et vit à Nîmes est devenue la deuxième suissesse de l’histoire à se qualifier pour une olympiade en tennis de table.

Les chemins pour atteindre un rêve peuvent être plus ou moins longs. Certaines athlètes comme Rachel Moret ont dû persévérer et ne jamais abandonner pour finalement accéder au Graal olympique. La pongiste de Préverenges a construit petit à petit sa route comme une araignée tisse invariablement sa toile. Sa patience et sa détermination vont être récompensées puisqu’elle va découvrir à 31 ans l’ambiance olympique à Tokyo dans un sport «alternatif» et pas vraiment helvétique: le tennis de table. «Je suis la première ‘‘vraie’’ suissesse à représenter notre pays, s’exclame-t-elle. Avant moi, il y a eu une seule autre pongiste en 1996 à Atlanta, mais il s’agissait d’une Chinoise naturalisée.»

De la piscine de Morges aux JO

L’histoire que Rachel Moret est en train d’écrire est digne d’un des meilleurs scenarios hollywoodiens. Tout commence sur les tables de ping-pong en pierre de la piscine de Morges. «Un été, je devais avoir treize ou quatorze ans, je me suis inscrite avec mon frère à ce tournoi populaire et je l’ai remporté, raconte-t-elle. Ensuite, j’ai décidé d’arrêter le tennis que je pratiquais depuis plusieurs années pour me consacrer à la table où j’ai rapidement progressé.»

Un été, je devais avoir treize ou quatorze ans, je me suis inscrite avec mon frère à ce tournoi populaire et je l’ai remporté

Rachel Moret

Par la suite, et sans se presser, elle termine des études d’enseignante en Suisse avant de se dédier totalement à son sport. «Il y a maintenant cinq ans que je suis professionnelle et que je ne fais rien d’autre à côté», explique-t-elle. Pour trouver des conditions d’entraînement optimales, elle a choisi de passer de l’autre côté de la frontière. Direction le Sud et les arènes de la ville de Nîmes. «En termes de structures, la France est vraiment en avance. En Suisse, les clubs jouent tous dans des salles de gym. Ici, je suis dans un lieu uniquement dédié au tennis de table où il y a notamment des coachs, des partenaires d’entraînement, un préparateur physique et mental. Ça simplifie mon quotidien car tout se trouve sur place et je n’ai pas besoin de tout organiser moi-même.»

En 2021, Rachel Moret vit donc de son sport. Est-ce les «prize money» récoltés durant les tournois ou les sponsors qui génèrent les principaux revenus de la pongiste de Préverenges? «Ni l’un, ni l’autre, répond en riant celle qui occupe actuellement le 87e rang mondial. Quand on passe le dernier tour qualificatif d’une épreuve, on touche 125 dollars. Sachant que le prix de la chambre d’hôtel pour une nuit coûte plus cher, ce n’est pas avec ça que je gagne ma vie. Et les sponsors, c’est aussi compliqué.» C’est donc grâce aux soutiens financiers de son club, de sa fédération et de fondations privées qu’elle peut taper dans la balle 365 jours par an.

Son billet pour Tokyo, Rachel Moret l’a décroché après un long suspens. «Ma sélection n’est pas totalement inespérée, mais il est vrai que j’ai dû attendre. Quand la première liste pour les JO est sortie, je n’étais pas dedans», avance-t-elle. Ensuite, j’ai été repêchée grâce à mon classement. J’étais donc qualifiée sur le papier, mais je n’étais pas encore sûre d’aller à Tokyo, car le comité olympique suisse devait valider ma place. C’est vrai que tout a pris du temps jusqu’à l’officialisation.»

 

Une trentenaire expérimentée

Dans un monde toujours plus compétitif et où les athlètes semblent toujours plus précoces, Rachel Moret et ses 31 ans ressemblent presque à un anachronisme sportif. Qu’en pense la principale intéressée? «Je ne suis de loin pas la plus vieille sur le circuit, se marre-t-elle. Je dirai que chez les Européennes, je suis dans la moyenne. Le système de points du tennis de table est comparable à celui que l’on trouve au tennis. Le classement favorise donc les résultats obtenus sur le long terme et récompense la régularité. Pour une jeune joueuse, il ne suffit pas de battre une représentante du top ten mondial pour percer.»

Rachel Moret savoure sa qualification et le moment présent. Mais sa passion olympique n’est pas pour autant totalement assouvie. «J’aimerais bien continuer jusqu’aux JO de Paris. Avec le report de Tokyo, ce n’est que dans trois ans: ça va aller vite!», glisse-t-elle à l’aube d’un nouveau rêve, éveillé cette fois.

"Un ou deux tours"

Aujourd’hui 87e mondiale d’une hiérarchie où les Asiatiques trustent les quinze premières places, Rachel Moret y est parvenue de justesse, au terme d’une préparation minutieuse et intensive qu’elle suit depuis six ans à Nîmes. « En France, le niveau est bien plus élevé qu’en Suisse, et je bénéficie d’un encadrement professionnel ainsi que de toutes les infrastructures nécessaires », explique la pongiste de Préverenges.

Elle espère à Tokyo « franchir un ou deux tours », puis pouvoir ensuite affronter une championne asiatique, gage d’émotions et de spectacle. Au-delà du 2e tour, les chances sont infimes. Rachel Moret connaît ses forces et ses limites actuelles: « Je dois encore progresser au service, dans la relance, le petit jeu, le lancer de balle », note-t-elle.

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