Un crieur public attaché à sa fonction | Journal de Morges
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Un crieur public attaché à sa fonction

Un crieur public attaché à sa fonction

Olivier Chappuis Crieur public - Cuarnens 22.10.2019

À 64 ans, Olivier Chappuis occupe une fonction unique en son genre dans la région: crieur public. Un rôle devenu tradition qui lui tient à cœur depuis six ans.

Imaginez un samedi matin: vous êtes tranquillement à la maison, quand soudainement vous entendez une cloche tinter frénétiquement et un homme vous convier à une manifestation qui aura lieu prochainement dans le village. Cette scène, qui peut sembler surréaliste, se déroule pourtant fréquemment à Cuarnens. Et pour cause: la commune est l’une des rares (la seule?) à posséder encore un crieur public. «On en a toujours eu un, explique Olivier Chappuis, qui occupe la fonction depuis 2013. Depuis tout gamin, je m’en souviens. Je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi les autres villages n’en avaient pas. Tout comme je croyais qu’il y avait une Venoge dans chaque localité, je pensais que tout le monde avait un crieur public.»

Pourtant, et les archives du Journal de Morges le confirment, depuis 1979 et le départ à la retraite de l’employé communal et crieur public de Berolle, l’activité s’est éteinte. «C’est dommage, car c’est vraiment quelque chose de sympa qui crée du lien, assure celui qui préside aussi le Conseil général. Si certains ne m’accordent pas d’intérêt, la plupart des habitants m’écoute et me remercie. Ça fait sortir les gens et c’est important de garder cela dans un petit village comme le nôtre.»

 

 La plupart des habitants m’écoute et me remercie. Ça fait sortir les gens et c’est important de garder cela

Olivier Chappuis, crieur public

Débuts à vélo

Cette fonction n’est évidemment pas un métier à part entière. «Je fais entre dix et quinze annonces par année, détaille l’agriculteur cuarnenais. Mes tournées durent entre 1h et 1h15, donc ça ne demande pas trop de temps, c’est simplement une question d’organisation.»

Et le crieur apprécie particulièrement ce rôle. «À l’époque, c’était l’employé communal qui faisait ça. Puis, lorsqu’il a arrêté, un municipal en place s’est dit que ce serait dommage de stopper. Il a ainsi récupéré le flambeau, qu’il a fini par me transmettre en 2013.» Une prise de fonction dont le sexagénaire se souvient parfaitement. «Mon prédécesseur effectuait sa tournée à vélo, se remémore-t-il. Du coup, je l’ai suivi en deux roues la première fois. Mon fils m’avait scotché un grand «L» dans le dos.»

Une balade à bicyclette que n’a pas fait perdurer Olivier Chappuis, qui préfère réaliser sa ronde à pied, accompagné de sa chienne. «J’annonce autant les informations de la Municipalité que les manifestations des sociétés, explique le crieur. Cependant l’idée n’est pas de signaler les anniversaires non plus. La fonction reste quelque chose d’officiel qui doit aller dans le sens de l’utilité globale de la commune et de ses habitants.»

Fonction positive

Au cours de ses six années d’expérience, Olivier Chappuis a vu sa commune évoluer. «Le village se transforme à vitesse grand V. Aujourd’hui, nous avons passé les 400 habitants. Ceci demande des changements et des adaptations, mais il ne faut pas révolutionner ce qui marche. Le fait d’avoir un crieur public fait partie de ces choses positives.»

Le Cuarnenais n’hésite d’ailleurs pas à promouvoir sa fonction. «Je pense que les petites localités qui regrettent le manque d’activité sur leur territoire ou qui craignent de se métamorphoser en cité dortoir pourraient opter pour la création d’un poste de crieur public, sourit Olivier Chappuis. Ça ne coûte rien, excepté la cloche!» Un outil de travail indispensable et unique. «On la reçoit et elle nous appartient à vie, explique le crieur. Mon successeur aura la sienne, celle-ci restera chez moi.»

À propos d’héritier, l’agriculteur envisage-t-il de passer le témoin bientôt? «Pas pour l’instant, rétorque du tac au tac le principal intéressé. Cette fonction me plaît, et il n’y a pas de raison que je l’abandonne.» Et il ne montre aucune inquiétude quant à la perpétuation de cette singularité cuarnenaise. «Il y a de nombreux jeunes qui sont attachés au village et je suis sûr qu’il y aura une suite. Cette spécificité est devenue une tradition et on ne la supprimera pas comme ça.»

 

Attachés aux traditions

Si la fonction de crieur public fait de Cuarnens une commune à part, ça n’est pas la seule tradition du village. «Chaque dimanche matin, les cloches de l’église se mettent à sonner entre 5h30 et 6h, explique Olivier Chappuis. Personne n’est capable de nous expliquer pourquoi ce jour et pas les autres. Certains parlent de la fin du couvre-feu, d’autres d’une cérémonie religieuse, mais personne ne sait avec exactitude. Plusieurs interventions ont eu lieu au Conseil à ce propos, certains ont même quitté le village à cause de ces cloches, mais personne ne va changer ça.» Car les traditions à Cuarnens, c’est sacré!

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