Dix jours de fête grandioses | Journal de Morges
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Dix jours de fête grandioses

Dix jours de fête grandioses

Le concert du rappeur Shaim. Meylan/VQH

Hyper Ouest a magnifiquement coïncidé avec le retour des beaux jours. Après 10 jours de fêtes grandioses et d’explorations du territoire, l’heure de dresser le bilan est arrivé.

Mettre le territoire de l’Ouest lausannois au cœur d’un projet culturel et le révéler en lui créant une manifestation sur mesure : tel était au départ l’objectif du festival Hyper Ouest. Au moment de se retourner sur les quelques jours que nous venons de vivre, il est indéniable que ce pari fut réussi. L’aventure Hyper Ouest a été une aventure totale : des balades, des lieux inédits, des créations, des concerts qu’un public large et varié s’est approprié peu à peu, au fil de la manifestation. Aller danser sur les toits d’un immeuble, traverser les rives du lac, créer un club. Hyper Ouest a joué avec la proximité, est allé à la rencontre des habitantes et habitants de ce district en pleine mutation en amenant les projets à elles et eux. En même temps, un public d’une région élargie a convergé vers l’Ouest lausannois en cette période d’éveil printanier.

Quelques chiffres:

  • Un ambitieux club éphémère construit en 7 jours
  • 18’000 spectateurs et spectatrices sur l’ensemble du festival
  • 3’900 visiteurs et visiteuses à Hyper Club
  • 18 événements sold out

Un point sur la collaboration: le sens-même d’Hyper Ouest

Les 8 communes de l’Ouest, le bureau du SDOL et l’équipe du festival ont travaillé main dans la main, dans un esprit de force collective, et c’est grâce à ce travail que nous avons pu accomplir de si belles choses. Nous remercions chaleureusement les communes de Crissier, Prilly, Renens, Chavannes-près-Renens, Villars-Sainte-Croix, Ecublens, Bussigny et Saint-Sulpice pour leur confiance. La période de covid aura été un propulseur pour constituer un projet de proximité : les communes de l’Ouest avaient à cœur d’aller vers la population, dans les quartiers, dans les friches et dans des zones compliquées à investir culturellement. Notre effort commun a permis de fédérer à la fois des publics, des lieux, des territoires afin de donner un hyper regard sur ces derniers : un nouveau point de vue sur la transformation de l’Ouest lausannois et nous en sommes extrêmement satisfait.e.s. Les entreprises emblématiques de la région ont également largement joué le jeu de l’Hyper: les CFF, Tuileries Fribourg & Lausanne SA, Thévenaz-Leduc SA… Elles ont participé, elles ont ouvert leurs lieux et leurs employé.e.s et ouvrier.ère.s sont ainsi devenu.e.s des artistes du festival le temps d’un projet. Pour cela, nous leur communiquons notre gratitude. Les hautes écoles qui font la fierté de la région et du pays ont répondu présentes et ont permis une collaboration avec l’institution doublée d’une participation active et artistique des des étudiant.e.s. Grâce à la coopération constante avec l’ECAL, l’EPFL et l’UNIL, Hyper Ouest a donné vie à des créations uniques et monumentales qui ont permis de pousser l’aventure un cran plus loin. Un grand remerciement va aussi aux partenaires culturels qui ont collaboré avec nous, notamment O’Chap, le TKM, l’association Bussigny Culture, la Ferme des Tilleuls, La Grange – Centre / Arts et Sciences | UNIL, Théâtre Sévelin 36, Ville en Tête, le Chantier Culturel du Tramway lausannois, Unilive et Le Romandie. Mais aussi nos partenaires des soirées clubbing: Unilive, La Sacrée Déter, Electrosanne et D! Club. Ces précieux soutiens ont grandement contribué à la réussite de la manifestation.

Des créations inédites qui ont su rassembler les populations

Les lieux inédits, dénichés et transformés par l’équipe du festival, ont conquis les festivalières et les festivaliers. Le public s’est enthousiasmé de l’aventure qui lui a été proposée. Avec La Première Brique, il a cheminé au cœur de la briqueterie de Crisser, en suivant une performance magnifiquement menée par la Cie Moost. Le spectacle affichait complet: pour la plupart des personnes présentes, c’était la première et certainement la dernière fois qu’elles foulaient le sol poussiéreux de Tuileries Fribourg & Lausanne SA. This must be the place a ponctué le premier week-end du festival de 2 performances, en co-production avec l’EPFL, mêlant cultures urbaines avec les talents de l’UMA et découverte d’un campus en pleine effervescence. Dimanche, Saint-Sulpice en apesanteur a proposé de faire de la commune lacustre une fresque poétique en invitant l’highliner français Nathan Paulin à longer les rives sur 1 km de long, questionnant en même temps subtilement les enjeux de leur accessibilité. Avec Hyper Tram, le public a cheminé parmi les barrières de chantier, un casque audio sur les oreilles, pour découvrir des performances imaginées par le Collectif 46, en co-production avec le Chantier Culturel du tram. Tout au long d’Hyper Ouest, l’équipe du festival a joué à surprendre le public avec ces lieux inédits et ces expériences extraordinaires en rapprochant les distances et en révèlant de nouvelles proximités. La seconde semaine, une soirée à guichets fermés pour Les machines de Thévenaz-Leduc, un spectacle complètement freeform proposant de visiter ce monumental centre de recyclage, habituellement fermé au public, comme jamais il ne fut possible par le passé, impliquant mêmes les ouvrières et ouvriers de l’usine. Dans les créations inédites, nous avons pu régulièrement constater le spectacle dans le spectacle : le public vient pour découvrir les performances, mais en prend également plein la vue en arrivant sur place, dans ces lieux parfois inaccessibles à la population le reste du temps ou en pleine mutation. Une expérience totale !

Un maître mot pour les concerts et les spectacles : diversité

Plus que jamais, Hyper Ouest a emmené le public hors des sentiers battus du district pour lui offrir un autre regard sur les 8 communes. Si les créations ont été pensées sur mesure en fonction des lieux investis, la programmation musicale et les spectacles se sont eux aussi nichés dans des lieux… inhabituels. L’élément fondateur de cette programmation ? Sortir de sa zone de confort. L’objectif ? Donner à voir ces évènements différemment.

De la programmation musicale, on retient notamment la performance majestueuse de Tobias Preisig et son Concert pour trains aux ateliers CFF de Renens, dont les notes de violon sont venues résonner jusque dans les interstices de ce bâtiment sublime, classé aujourd’hui au patrimoine. Le concert de Rachel Croft, qui affichait complet, a marqué l’audience dès le début du festival: la londonienne a conquis la salle de Au Raisin de sa voix sublime. Mémorable aussi, la collaboration réalisée avec O’Chap dont deux soirées avec Le Romandie pour les concerts de The Psychotic Monks et Arnaud Rebotini, mais également pour celui du fabuleux Mario Batkovic, sous le chapiteau de O’Chap: un chapiteau de cirque transformé en salle de concert pour des soirées complètement insolites. Ce chapiteau est un marqueur fort, est un élément identitaire du quartier qui perdurera après la transformation du quartier et qu’Hyper Ouest a su renforcer. Le dépaysement fut garanti et l’ambiance était vraiment unique dans cette atmosphère, qui a su tirer le meilleur des 3 artistes. Dans un tout autre genre, le king du rap romand Makala est venu fouler la salle de spectacles de Renens, quelques semaines seulement avant son grand moment à l’Olympia. Le lendemain, la scène accueillait le groupe romand iconique The Young Gods, qui a rameuté tous ses plus grands fans et leur a offert un concert inouï qui restera gravé dans leur mémoire. De son côté, la lausannoise Billie Bird est venue nous toucher en plein cœur, au temple de Chavannes-près-Renens qui affichait complet, se livrant à son public totalement envoûté. Le même soir, Alva Noto triturait fréquences sonores et lumineuses à L’ECAL, devant un public assis mais dodelinant fortement de la tête.

Les spectacles ont également apporté leur dose de diversité, avec une programmation pensée pour tous les goûts. L’artiste Vania Vaneau, comme Tobias Preisig, a également profité de la fenêtre temporelle de quelques jours durant laquelle les ateliers CFF de Renens n’étaient pas utilisés pour les investir le temps de présenter Nebula, une performance tellurique et animale. Au cœur du campus de l’UNIL, le Vortex a accueilli dans son centre la performance Creature, menée par József Trefeli et Gábor Varga. Les chants et les claquements de fouet et de talons ont retenti dans cet espace résonnant, pour un effet enivrant et poétique. Le festival est également ravi d’avoir collaboré avec plusieurs structures culturelles de l’Ouest, dont notamment le TKM qui accueillait l’installation PagusValdensis et le spectacle Ritualitos. Mais également La Grange/UNIL, où on a pu assisteraux spectacles Manuscrit trouvé à Kâ et Maxine//Béthanie.

Un mot sur les explorations du festival, qui ont obtenu un franc succès : 6 balades sur les 7 ont affiché complet. Le public était friand de découvertes, d’arpentage et a eu soif de (re)connaître ce territoire de l’Ouest lausannois. Les intervenant.e.s de qualité et les parcours de ces marches exploratoires ont permis de tutoyer le territoire avec des lunettes nouvelles, et de le voir comme il est rarement possible de le faire, en questionnant son infrastructure sociale, écologique, urbaine et/ou culturelle. Ces constatations faites nous amènent à faire le lien avec la suite de ce communiqué : il existe une demande forte de la part de la population à prendre part au débat urbain, à questionner le territoire et à affirmer son appartenance à ce dernier.

À propos d’Hyper Club et de la réappropriation de bâtiments vides

Nous avons souhaité donner rendez-vous au public au sein des anciennes halles Veillon, cet endroit qui, par bien des aspects, raconte la transition de l’Ouest lausannois. Cela nous
tenait à cœur d’occuper un bâtiment actuellement vide, de façon totalement éphémère, pour y amener de l’activité, de la création, y inviter des artistes, mais aussi pour inviter à faire réfléchir à notre manière. Centre culturel éphémère ouvert aux artistes pour de la création et de la performance, Hyper Club a été, le temps de 5 soirées, un lieu de création et de convergence important. Espace monumental, avec Hyper Club nous nous sommes autorisés des volumes importants, nous avons pris la place et avons réalisé un lieu de fête ambitieux et généreux en termes de sons et de lumières.

Bien que notre programmation soit déjà assumée et conçue pour faire réfléchir à des enjeux qui portent nos valeurs, nous ne faisons pas de politique. Nos instruments ne sont pas ceux de la prise de décision ou de la recherche de solutions. Mais de donner à voir et à comprendre, questionner l’accessibilité des lieux, la place de la nature, des espaces publics, de l’art. Organiser des conférences sur le territoire, permettre aux étudiant.e.s de s’approprier des lieux. Constituer des ponts entre les parties prenantes. Tels sont nos instruments d’action. Tel est notre rôle premier.

Nous sommes cependant content.e.s que le festival permette à tous et toutes de pouvoir s’exprimer et soulever les enjeux essentiels de ce territoire. En tant qu’association culturelle, notre envie est en premier lieu de questionner la place de la culture dans le district en provoquant le dialogue entre les différent.e.s acteur.ice.s du territoire. Nous sommes dans une période de l’histoire pour laquelle la culture peut amener de nouveaux imaginaires, montrer de nouvelles manières de faire, des nouveaux modèles pour la société de l’avenir. L’art peut donner à voir de nouveaux moyens pour vivre ensemble. En racontant le passé et le futur des halles Veillon, nous avons souhaité soulever l’importance de ce lieu. Les enjeux pour le futur quartier qui prendra place sur ce site sont multiples. Il y a les enjeux d’inclusion, les enjeux climatiques et patrimoniaux. Mais l’enjeu est également de répondre aux besoins de la population, et nous pensons que la mise en dialogue soit le mieux que l’on puisse offrir en tant que festival. Donc on déclenche, on met en lumière, on catalyse, et on questionne à travers la culture les enjeux de ce futur quartier. On a pu constater que la jeunesse a répondu à l’appel et est venue en masse dans cet hyper espace: on a fait la fête, on a dansé, on a profité jusqu’à tard. Mais demain, quels seront les lieux pour la culture sur le long terme?

Reports de spectacles

En raison des conditions météorologiques et dans le but de garder une expérience optimale, les 2 derniers spectacles d’Hyper Ouest ont dû être reportés et se joueront les 29 et 30 septembre prochains. On se réjouit de vous accueillir nombreux.ses à Villars-Sainte-Croix pour frissonner à l’évènement Zombie Attack, une spécialité de l’équipe du festival. Hâte de voir la chair de poule sur les bras de chaque participant.e le 29 septembre. Le lendemain, 30 septembre, nous aurons rendez-vous à Prilly pour Danses Paysage, une performance dansée sur le toit du bâtiment de l’école de Mont-Goulin, que l’on observera depuis le parc du même nom et qui nous offrira une vue imprenable sur tout l’Ouest lausannois.

Et pour la suite?

Une équipe importante a été montée rapidement afin d’assurer l’organisation de la manifestation et de permettre la réalisation de 43 événements en un temps record. Sur le modèle d’une « guérilla culturelle » et l’idée d’une immersion dans le territoire, nous avons su travailler avec des délais très courts mais cela ne nous a jamais freiné dans la conviction que ce projet devait exister maintenant. Depuis le début du projet Hyper Ouest, nous avons imaginé un événement récurrent avec une vision pour l’avenir à travers cette collaboration entre la culture et l’urbanisme, pour laquelle Antigel et Urbaplan ont investi leur savoir-faire respectif. Il s’agira maintenant de tirer un bilan de cette aventure dans le district avec nos différents partenaires et de réévaluer la situation pour réfléchir à la suite de ce projet. Dans une version ultérieure, nous souhaiterions approfondir encore plus la collaboration avec les acteurs culturels locaux. Mais également intégrer de plus en plus les associations et les habitant.e.s au cœur des projets dans le cadre de démarches participatives, les rendant acteurs et actrices en plus de spectateurs et spectatrices. Enfin, nous souhaiterions offrir aux artistes locaux encore plus de nouveaux espaces et d’opportunités d’expression. Nous avons toujours rêvé d’un projet qui se décline dans le temps et sommes déterminés à engager la discussion avec les communes pour envisager la suite de notre collaboration. Nous remercions le public, les acteurs et actrices culturel.le.s et les institutions qui nous ont témoigné leurs encouragements. Cet enthousiasme ne fait que renforcer notre désir de continuer cette aventure ! « Hyper » , affaire à suivre !

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