Tous les cris les SOS dans une bouteille à l’amer | Journal de Morges
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Tous les cris les SOS dans une bouteille à l’amer

Tous les cris les SOS dans une bouteille à l’amer

Notre rédacteur en chef Cédric Jotterand revient ce mardi sur la fermeture définitive de la verrerie du village.

Les cris et les SOS des employés et des politicien, ces messages ont lutté dans leur vaisseau de verre, avant que les vagues ne les ramènent en pierres d’étoile sur les rochers des quais de Saint-Prex…

C’était un vieux couple. Quand on a feuilleté avec eux les albums aux photos jaunies par le temps, les Saint-Preyards ne semblaient retenir que la vie en rose de cette épopée en verre aujourd’hui marquée d’un point final par le groupe Vetropack.

Ce compagnonnage vieux de plus d’un siècle leur a apporté – contre des tâches et des horaires très rudes – salaire, foyer, loisirs, statut et même une famille, celle de la communauté de la verrerie.

Alors que des mouvements sociaux se trament le plus souvent dans la violence, que des ouvriers désemparés en arrivent à casser des briques de leur propre usine, le combat très inégal qui s’est joue ici sous nos yeux s’est déroulé dans un esprit de responsabilité et une dignité qui forcent l’admiration.

Il faut dire que ces hommes et ces femmes semblent dans l’impossibilité d’être «verre» de rage pour une raison toute simple et presque naïve: ils aiment – aimaient? – leur entreprise, leur travail et le produit de celui-ci. Ces bouteilles qui jaillissent de leurs mains et de leur savoir-faire unique pour finir sur nos tables de fête dans l’alliance formée avec le vigneron.

Ce site chargé d’histoire, désormais condamné, est à eux, là où ils ont «grandi», comme une bonne partie de leurs parents parfois. Des anciens qui leur ont enseigné la valeur du travail et le respect du patron, équation qui permettait – l’une n’allant pas sans l’autre – de voir tomber une feuille de paie chaque fin de mois.

La dernière bouteille qui sortira de l’usine de Saint-Prex, fin août, promet d’avoir un goût très amer pour ces 180 personnes à qui le seul reproche qui est fait est celui de se lever chaque matin dans cette Suisse qu’ils chérissent mais qui est devenue trop chère et déboussolée sur le plan industriel.

Celle à qui ils ont l’impression d’avoir beaucoup donné pour finalement se faire berner.

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