Une vallée nichée entre falaises et cascades
Aux portes des Alpes bernoises, la Vallée aux 72 cascades offre un spectacle à la fois vertigineux et reposant. Et pour en profiter, il vaut mieux prendre un peu de hauteur…
La quantité ubuesque de touristes étrangers présents à Interlaken ne trompe pas: la région est incroyablement fournie en panoramas «carte postale». Il n’y a besoin que de vingt minutes en voiture depuis la ville tassée entre les lacs de Thoune et de Brienz pour gagner le point de départ de notre balade, Lauterbrunnen. Le bourg, dont le nom signifie littéralement «claires fontaines». Et il suffit de lever la tête depuis le parking pour en comprendre l’origine. Les premières cascades sont visibles et impressionnent autant par leur débit que par leur hauteur. Le Staubbach se jette ainsi sur 297 mètres de paroi verticale, soit la troisième plus grande chute d’eau de Suisse (photo centrale).
Parois verticales
On longe donc les falaises en sentant les prémices des premiers torticolis pointer. Le spectacle qui s’impose à nous incite en effet à regarder sans cesse en l’air, et de passer d’un côté à l’autre comme s’il s’agissait d’un match de tennis disputé 500 mètres au-dessus de nos têtes. Après cinq kilomètres de marche, Stechelberg est atteint. Il faut dès lors quitter la vallée pour entamer une ascension sous l’ombre des arbres. La vue est obstruée et ce n’est qu’après un certain temps que le décor se découvre, laissant entrevoir un panorama totalement différent de celui auquel on avait le droit en contrebas. Les montagnes enneigées perdent de leur timidité, tandis que l’ouverture sur la vallée ajoute au paysage un air de grandiose. Quelques cours d’eau dévalent la pente et passent sous le sentier emprunté. Au moment de les franchir, la température chute brutalement et l’on sent une vague d’air glaciaire envahir l’atmosphère. Une fraîcheur plus que bienvenue.
Près de 500 mètres de dénivelé positif plus tard, le petit village de Gimmelwald apparaît et la première terrasse indique une pause bien méritée. Après avoir profité de la magnifique vue sur le Breithorn notamment (photo en bas), il faut reprendre la route et celle-ci nous emmène jusqu’à Mürren
Trio glaciaire
Situé à 1 638 mètres d’altitude en surplomb d’une falaise verticale, ce village de 450 habitants offre un panorama somptueux composé des trois colosses montagneux que sont l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. On peut également contempler la vallée de Lauterbrunnen, et on se féliciterait presque d’avoir parcouru tout ce chemin. Surtout en voyant les dizaines de touristes qui se pressent hors du téléphérique de Mürren, et dont les jambes sont certainement plus légères que les nôtres. Mais la beauté de l’itinéraire réside en grande partie dans le caractère méritoire de son ascension et de la découverte progressive des montagnes. Et ça, le randonneur le sait.
Forts de ce motif de consolation, on décide donc de poursuivre notre progression par… le funiculaire. On rejoint alors l’Allmendhubel en cinq minutes, mais c’est pour mieux repartir à pied ensuite. Après avoir admiré les glaciers sur fond d’airs de Yodel entonnés par de charmants locaux, nous reprenons la route en direction de Lauterbrunnen. S’ensuit alors une redescente dans de paisibles et verdoyants pâturages, bien éloignés de la cohue touristique finalement peu présente en dehors de la gare de Mürren… En poursuivant le chemin, on arrive à la dernière étape, le téléphérique de Grütschalp. Les plus courageux entreprendront de rejoindre le point de départ à pied (quarante minutes environ), les autres se satisferont des vingt kilomètres parcourus en cinq heures de route et se laisseront tranquillement bercer par la cabine. À vous de choisir. De notre côté, on est bien assis.
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