Le regretté Fathi Derder avait fait ses débuts au JDM | Journal de Morges
Signaler une erreur
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.

Le regretté Fathi Derder avait fait ses débuts au JDM

Le regretté Fathi Derder avait fait ses débuts au JDM

Fathi Derder (PLR) au Palais federal, mercredi 26 septembre 2012. ARC Jean-Bernard Sieber

Le journaliste vaudois Fathi Derder est décédé samedi soir, à l’âge de 54 ans, a fait savoir la RTS lundi. Il avait également été conseiller national dans les rangs du PLR de 2011 à 2019.

Dans une chronique écrite à l’occasion des 120 ans du Journal de Morges, cette figure du paysage médiatique était revenue avec humour sur ses débuts au Journal de Morges sous le titre:

« 1994: cette année qui a changé ma vie »

« Ma vie professionnelle a commencé au Journal de Morges. Ma vie d’adulte, en somme. J’avais bien fait quelques boulots, ici et là, mais rien de signifiant. C’était au début des années 90. Je rêvais d’être journaliste. J’écrivais au journal des étudiants, L’Auditoire. Nous avions créé Fréquence Banane, avec quelques amis. J’aimais ça. Mais il me manquait quelque chose: je voulais être journaliste. Je voulais que ce soit mon métier.

Je rêvais du Nouveau Quotidien, du Journal de Genève ou de 24 heures. Je leur envoyais des piges, de temps à autre. Mais je voulais en vivre. A tout prix: c’était le métier que je voulais faire. Le Graal: une place de stage. Quand un jour, le rêve devint réalité. Ce ne fut ni le Journal de Genève, ni 24 heures, mais… le Journal de Morges. Pour une année. Mais quelle année!

J’ai fait la connaissance du patron, imprimeur, rédacteur en chef, chef de la pub, animateur, GO, et tout ce qu’on peut faire dans un journal: Fernand Trabaud. «Monsieur Trabaud». J’ai découvert les joies de la locale, loin des syndicats. Nous fabriquions le journal à trois. Les jours d’édition, debout à 5 h. Bouclage du journal le matin, portrait d’une nonagénaire à 11 h, assemblée générale de la nautique à midi, vernissage d’un peintre du dimanche à 15 h, quelques articles à écrire, puis Conseil communal à 20 h. Fin de journée à minuit, à Villars-sous-Yens. Une petite journée, en somme.

«Au choeur-mixte, j’ai craqué…»

Un soir, au chœur mixte de Bussigny, j’ai craqué: après une heure, subissant une attaque de paupières, je me suis éclipsé. Discrètement. De toute manière, je dirai que c’était formidable. Et je suis fatigué. Dodo à minuit. Le lendemain, au bureau, vers 6 h 30, M.  Trabaud déboule dans mon bureau, en furie: «M. Derder: ce que vous avez fait est IN-AC-CEP-TA-BLE!».

Je ne sais pas qui lui a dit, ni pourquoi il lui a dit. Mais quelqu’un lui a dit. «Ma présence était-elle vraiment indispensable jusqu’à la dernière note?» La réponse m’a troué un tympan: «C’est une question de PRIN-CIPE!» J’ai alors compris que je ne passerai pas ma vie là.

Quelques mois plus tard, je suis parti. Mais aujourd’hui, je me dis que je suis parti trop vite. L’exigence et la discipline journaliste. Le devoir d’écouter. L’humilité. Apprendre à se mettre au service de son interlocuteur. Apprendre à se faire petit, quand on est journaliste, c’est là que je l’ai appris. Mon métier, c’est au Journal de Morges que je l’ai appris. Et ça, je ne l’oublierai jamais.

L’année 1994 fut sans nul doute l’année qui a changé ma vie. Il y a 20 ans. Merci, Monsieur Trabaud »

Fathi Derder, dans notre édition du 21.10.2014

Abonnez-vous au Journal de Morges

Abonnez-vous !

Afin d'avoir accès à l'actualité de votre région au quotidien, souscrivez un abonnement au Journal de Morges. S'abonner, c'est soutenir une presse de qualité et indépendante.