«Chacun peut sauver une vie» | Journal de Morges
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«Chacun peut sauver une vie»

«Chacun peut sauver une vie»

Loris Duc fait partie du réseau de Premiers Répondants du canton de Vaud depuis sa création. Photo: Schwarb

La Suisse romande a récemment honoré les Premiers Répondants, des citoyens intervenants en cas d’arrêt cardio-respiratoire avant les urgences. Témoignage.

Votre voisin, le gérant du kiosque en bas de la rue, la caissière du supermarché, etc. Vous leur dites bonjour tous les jours, mais vous ne vous doutez pas qu’ils font partie du réseau des Premiers Répondants (PR).

Depuis 2018, ces derniers peuvent intervenir sur l’ensemble du territoire vaudois lorsqu’un arrêt cardio-respiratoire est signalé. Exemple: Une personne appelle le 144, car elle se trouve aux côtés de quelqu’un faisant un malaise cardiaque. Les urgences visualisent où sont les ambulances avoisinantes et si la plus à proximité de l’incident est par exemple à quinze minutes, ils vont consulter le fichier pour voir s’il y a des PR plus proches. Et si c’est le cas, ces derniers reçoivent une notification sur leur téléphone les informant qu’il y a un incident à tel lieu. Charge à eux ensuite de l’accepter ou non en fonction de leur disponibilité.

Une mission bénévole que le Canton de Vaud a honorée le 4 novembre à l’occasion du premier symposium des Premiers Répondants. Durant cette journée de conférences, des membres des réseaux des autres cantons romands étaient également amenés à partager leurs expériences.

Dans la région de Morges, Loris Duc, 24 ans et habitant de Cossonay, a rejoint les PR vaudois à leur création en septembre 2018. «À l’époque, les personnes au bénéfice d’un diplôme de réanimation ou les professionnels de la santé étaient invités à s’inscrire et je n’ai pas hésité.»

Il faut dire que Loris Duc coche les deux cases. En effet, il est infirmier au Centre Médico-Social de Saint-Prex et est secouriste samaritain à la Section du Cœur de la Côte depuis une dizaine d’années. «C’est finalement quelque chose de très simple. Il s’agit d’une application qu’on télécharge sur son smartphone. Ensuite, on y enregistre son diplôme de réanimation – c’est géré par la Direction générale de la santé du Canton – et dès qu’il a été approuvé, on peut commencer à recevoir des notifications», décrit celui qui a grandi à Lavigny.

« Un sentiment indescriptible »

Depuis qu’il est PR, Loris Duc est intervenu deux fois, mais un exemple l’a particulièrement marqué, c’était l’été 2022. «J’étais chez moi et j’ai reçu une alerte sur mon téléphone. Quelqu’un faisait un malaise dans une commune voisine, du coup j’ai validé l’intervention. Je me suis rendu sur place en voiture – il faut d’ailleurs préciser qu’on n’a pas les feux bleus pour pouvoir aller plus vite, ce qui est un peu frustrant – et quand je suis arrivé, il y avait deux autres PR, décrit-il. Tant mieux, car plus on est pour se relayer pour le massage cardiaque, mieux c’est. Ensuite, l’ambulance est arrivée.» Vient alors un potentiel sentiment d’inachevé, les PR n’ayant aucun moyen de savoir ce qu’il adviendra de la victime. «Du moment que l’ambulance est là, notre travail est terminé. Ça peut être un peu frustrant.»

Quelques mois plus tard, la victime du malaise recontacte ceux qui lui ont sauvé la vie. «C’est une satisfaction indescriptible. Se dire “j’ai sauvé une vie”, c’est tellement fort. Il nous a invités chez lui, car il voulait nous remercier. C’était étrange de revenir sur le lieu de l’intervention, mais il était extrêmement reconnaissant. Il avait complètement récupéré et allait courir un marathon», se souvient Loris.

Sa deuxième intervention a une issue malheureusement plus funeste. «Quand je suis arrivé, la personne était déjà décédée. Mais de par mon métier, j’ai appris à gérer ce genre de drame.»

Pour les autres, c’est plus compliqué, mais le réseau de PR ne laisse pas ses sauveurs sur le carreau. «Après chaque intervention, professionnel de la santé ou pas, on est rappelé pour savoir comment ça va, si on a besoin de parler, d’un suivi. C’est vraiment bien», explique Loris Duc.

On entend souvent que depuis le Covid, la société est plus individualiste, mais une telle structure démontre le contraire

Loris Duc, Premier Répondant habitant Cossonay

 

L’infirmier est d’ailleurs le premier à motiver ses amis à faire le pas et à rejoindre le réseau vaudois des PR. «Chacun peut sauver une vie, c’est la beauté de cette mission. Faire participer la population montre qu’il y a un système d’entraide. On entend souvent que depuis le Covid, la société est plus individualiste, mais une telle structure démontre le contraire.»

C’est vrai qu’entre le bénévolat et leur exposition à des situations parfois difficiles, les Premiers Répondants sont bien antagonistes à l’égoïsme. Et un jour, on pourrait bien tous en avoir besoin, qu’ils soient infirmiers de profession ou caissiers dans un supermarché

Des interventions décisives

Dans le descriptif de la journée organisée en l’honneur des Premiers Répondants, plusieurs chiffres démontrent l’importance d’une intervention rapide en cas d’arrêt cardio-respiratoire (ACR). On apprend notamment qu’à chaque minute qui s’écoule après le début d’un ACR, les chances de survie du patient diminuent d’environ 10 %. «Grâce au dispositif de Premiers Répondants, le laps de temps moyen d’arrivée auprès de la victime se situe approximativement à cinq minutes», mentionne le communiqué réalisé avec le soutien du Canton de Vaud.

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