Perles rares dans l’ombre du Conseil | Journal de Morges
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Perles rares dans l’ombre du Conseil

Perles rares dans l’ombre du Conseil

Jacqueline Cretegny, secrétaire du Conseil d'Aubonne durant près de dix ans. Photo: Martin/VQH

Les tâches des secrétaires de Conseils communaux sont largement méconnues. Lumière sur une fonction charnière de la politique locale.

Elle est un brin paradoxale, la fonction de secrétaire du Conseil communal ou général. Celles et ceux qui l’endossent se retrouvent à la fois personnalité publique et figure de l’ombre; sachant s’affirmer tout en restant discrets; régulièrement félicités pour leur travail, mais dont les tâches restent largement méconnues… «Si on réalisait un micro-trottoir et qu’on demandait à la population en quoi consiste cette activité, probablement que les sondés cantonneraient cette fonction à la prise de procès-verbaux», admet Florian Magnin, président de l’Association des secrétaires de conseils communaux et généraux vaudois (ASCCGV), qui occupe lui-même ce poste à Gimel.

Et pourtant, le cahier des tâches de ces piliers de la vie communale est loin de s’arrêter là. En témoigne la longue liste d’aptitudes que comprennent les offres d’emploi publiées par plusieurs communes du district, au cours des deux dernières années. Saubraz tout récemment, et avant ça Echichens, Aubonne, Montricher ou encore Hautemorges.

Désormais, les conseillers ont tendance à être plus professionnels. Parfois, certains estiment qu’une commune se gère comme une entreprise. Forcément, ces nouveaux types de profils ont eu une influence sur la vie politique

Jacqueline Cretegny, secrétaire du Conseil communal d’Aubonne durant neuf ans.

Après neuf ans passés à Aubonne, Jacqueline Cretegny a effectué son ultime séance en juin. La dynamique Aubonnoise assure que la charge de travail administratif a presque doublé depuis son arrivée, en 2014. «J’ai le souvenir qu’à mes débuts, lorsque la Municipalité présentait un préavis ou proposait quelque chose, cela passait sans problème. J’ai l’impression que le Conseil communal était plus bienveillant. Désormais, les conseillers ont tendance à être plus professionnels. Parfois, certains estiment qu’une commune se gère comme une entreprise. Forcément, ces nouveaux types de profils ont eu une influence sur la vie politique.»

Ce n’est pas pour rien qu’en 2021, l’ensemble des conseillers a accepté la revalorisation de son poste. «Une fierté», se remémore-t-elle. Organiser les sorties du Conseil communal, les séances extramuros, les dimanches de votations, l’archivage, le décompte des jetons de présence ou encore l’achat des bouquets de fleurs pour l’anniversaire des conseillers… Force est de constater qu’un nuage de tâches périphériques s’ajoute à la «traditionnelle» rédaction du PV de séance et à la convocation des conseillers.

Salaire et horaires

À la clé, une rémunération qui varie d’un lieu à l’autre et qui frôle bien souvent le symbolique. «C’est sûr qu’on ne vole pas la Commune», s’amuse le président de l’ASCCGV, qui reçoit une indemnité de fonction annuelle de 3500 francs pour son mandat à Gimel. «C’est rarement un engagement que l’on fait pour l’argent. Selon moi, il y a forcément une part de passion.»
Les horaires sont quant à eux irréguliers et exigent en outre une présence lors des dimanches de votations. De là à rendre un peu moins fidèles les secrétaires de Conseils communaux et généraux et amenuiser la motivation de la relève? Florian Magnin se montre rassurant sur la pérennité de cette fonction: «Je suis tenté de dire qu’il y a plus de turnovers qu’à l’époque, mais on n’a pas atteint un stade dramatique. Cette tendance suit simplement les évolutions de la société: on est peut-être moins appelés à rester trente ans au même poste que par le passé», relève-t-il.

En place depuis six mois à Echichens, Géraldine Jacot-Descombes Ubaghs ne craint pas ces conditions de travail assez peu conventionnelles. «Nouer le contact avec les membres du Conseil, rester à l’apéritif après la séance, s’intéresser aux gens, ça fait partie des choses que j’aime faire. C’est enrichissant et ça ne fait que faciliter le travail par la suite.»
La quinquagénaire se réjouit de «comprendre peu à peu les rouages du métier». «Je ne connaissais pas grand-chose à ce milieu-là et je me suis dit que c’était un bon moyen de m’investir davantage et de connaître ce monde que je côtoyais de loin», sourit cette mère de quatre enfants, notamment bénévole à la bibliothèque communale.

Mémoire vivante

Les témoignages se rejoignent sur le fait que l’autonomie est essentielle dans ce job. Bien souvent, c’est à son propre domicile que le secrétaire rédige le PV et les divers courriers. «Je suis traductrice de formation donc je m’y connais en travail de l’ombre, mais cela peut être moins solitaire en fonction de la personnalité des membres du Bureau. À Echichens, par exemple, je collabore beaucoup avec le président du Conseil.»

Les présidents du Conseil sont généralement élus pour un an ou deux, contrairement aux secrétaires qui peuvent rester plusieurs législatures. Ils deviennent d’une certaine manière la mémoire du Conseil

Florian Magnin, président de l’Association des secrétaires de conseils communaux et généraux vaudois (ASCCGV)

Ce qui est certain, c’est qu’à chaque fois qu’un secrétaire s’en va, la nouvelle fait l’effet d’une douche froide. Car c’est un pan de savoir communal qui part avec lui. «Les présidents du Conseil sont généralement élus pour un an ou deux, contrairement aux secrétaires qui peuvent rester plusieurs législatures. Ils deviennent d’une certaine manière la mémoire du Conseil», conclut Florian Magnin en souriant.

11 décembre 2023       Florian Magnin, secrétaire du conseil communal de Gimel depuis 10 ans, ainsi que président de l'Association des secrétaires de conseils communaux et généraux vaudois (ASCCG),   PHOTO: Patrick Martin/24Heures

Partager son quotidien

Il y a dix ans, l’ASCCGV voyait le jour. Sa création «faisait écho à un besoin des secrétaires d’échanger entre eux sur la réalité de leur quotidien», précise son président, Florian Magnin. L’association compte actuellement presque 150 membres, soit à peu près 50 % des communes vaudoises. Parmi ses missions, on trouve la formation continue, rendue possible grâce à des modules thématiques dispensés par des spécialistes. «Avant, les secrétaires se formaient sur le tas. Des échos que j’ai, on leur disait – en gros – de se débrouiller comme ils pouvaient. D’où l’importance de pouvoir échanger sur l’usage des bonnes pratiques.»

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