Première suisse: un outil pour mieux préserver la qualité des sols
Malgré les efforts fournis ces dernières années en matière d’aménagement du territoire, l’impact des activités humaines sur les sols demeure très important, à tel point que leur gestion en Suisse est aujourd’hui qualifiée de «non durable» par la communauté scientifique. Consciente de ces enjeux, la région morgienne publie aujourd’hui des cartes indicatives et dynamiques de qualité des sols réalisées dans le cadre d’un projet pilote. Il s’agit d’une première au niveau national.
Le sol remplit de nombreuses fonctions bénéfiques pour l’environnement et la société. Il permet par exemple la production de denrées alimentaires, filtre l’eau, participe à la régulation du climat et offre refuge à la biodiversité végétale et animale. Pourtant, la préservation de ces différentes fonctions n’est pas suffisamment prise en compte par les processus d’aménagement du territoire. Tel est en substance le constat dressé par le programme national de recherche 68 (PNR 68) sur une « Utilisation durable de la ressource sol ».
L’imperméabilisation croissante des sols liée à l’urbanisation, mais aussi le tassement, l’érosion, la pollution et la perte de matière organique sont autant de facteurs qui contribuent à une dégradation progressive des sols et des services qu’ils nous offrent.
Combler le manque de données
Afin de mieux prendre en compte ces enjeux, la région morgienne a choisi de lancer un projet pilote pour se doter de cartes indicatives et dynamiques de qualité des sols. Le principe consiste à attribuer une note de 1 à 6 à chaque portion de territoire selon la capacité du sol à remplir ses différentes fonctions. Le résultat est ensuite retranscrit dans des cartes et mis à disposition des acteurs publics et privés pour alimenter les décisions en matière d’aménagement du territoire.
L’un des aspects novateurs de ce projet consiste à utiliser l’ensemble des données disponibles pour effectuer cette notation. Une première version des cartes peut ainsi être réalisée rapidement et à moindre coût même lorsque les données pédologiques sont lacunaires. Elles pourront ensuite être mises à jour régulièrement et affinées lorsque de nouvelles informations seront disponibles. Ce processus itératif permettra aux autorités de suivre l’évolution de leur territoire et de prendre les mesures qui s’imposent pour garantir une gestion durable des sols.
Une démarche pilote au niveau Suisse
Ce projet s’inscrit dans une démarche nationale menée par la fondation sanu durabilitas visant à intégrer, au travers de projets pilotes, la qualité des sols dans les décisions relatives à l’aménagement du territoire. Soutenue par l’Office fédéral de l’environnement et la fondation Karl & Sophie Binding, cette démarche cherche en particulier à tester l’utilisation des outils d’indices de qualité des sols (IQS) par des communes et des agglomérations.
Déjà utilisés dans certains pays, notamment en Autriche et en Allemagne, les IQS sont identifiés par les experts comme un outil prometteur pour répondre aux défis posés par l’artificialisation et la dégradation continue des sols en Suisse. La région morgienne est la première région de Suisse à se doter de ce type d’outils. Elle joue donc un rôle important au niveau national et fait office de pionnière dans la mise en œuvre de la Stratégie Sols Suisse, validée par le Conseil fédéral en mai 2020.
De nombreux partenaires impliqués
Ce projet a été conduit par l’association Région Morges pour les communes de la région morgienne, notamment les communes d’Echandens et de Lonay ainsi que la ville de Morges qui participent au processus en tant que communes pilotes. Il est accompagné et soutenu par la Direction générale du territoire et du logement (DGTL) ainsi que de la Direction générale de l’environnement (DGE) du canton de Vaud.
La première phase de ce projet a fait l’objet d’un mandat confié à un groupe d’experts de la HES-SO, soit les Hautes Ecoles de Vaud (HEIG-VD), Fribourg (HEIA-Fr) et Genève (HEPIA). Débutée le 1er juin 2020, elle a abouti le 12 mars dernier à la publication des premières cartes indicatives de qualité des sols ainsi que d’une méthodologie permettant leur élaboration et leur mise à jour.
Les perspectives
La protection des sols constitue un levier important pour le maintien des surfaces agricoles, la protection du paysage et la lutte contre le réchauffement climatique (suppression des îlots de chaleur en ville, lutte contre les dangers naturels, bilan carbone etc.). A ce titre, elle sera thématisée dans la prochaine révision du Plan directeur cantonal.
Par ailleurs, en facilitant l’accès à de nombreuses informations ainsi que leur compréhension, la démarche menée et les outils développés constituent une étape importante en vue de la préservation des sols et de leurs fonctions.
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