Reculer pour mieux sauter... dans le vide! | Journal de Morges
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Reculer pour mieux sauter… dans le vide!

Reculer pour mieux sauter… dans le vide!

Notre rédacteur en chef Cédric Jotterand.

La Municipalité de Morges, qui veut sauver le Centre aquatique d’un naufrage programmé, joue sa dernière cartouche en retirant le préavis du siècle. Il est sans doute déjà trop tard selon notre rédacteur en chef Cédric Jotterand.

Mais qu’a donc fait le fameux Centre aquatique – aux images de synthèse qui font rêver – pour susciter au mieux le désintérêt, au pire l’hostilité? Une infrastructure de pointe, un emplacement de rêve, un projet concret, mais qui ne semble convaincre qu’une poignée de fidèles, ce qui a conduit l’Exécutif morgien à prendre une décision majeure: retirer le préavis du siècle, celui qui entendait faire de cette réalisation le phare qui manque tant à la région, celui qu’on place sur les cartes postales, les dépliants de l’Office du tourisme et les casquettes qu’on distribue aux visiteurs.

Certes, le projet n’est pas mort officiellement, mais comment imaginer une seule seconde que rebrasser son financement de fond en comble est une heureuse nouvelle qui va tout régler en un temps record? La ville de Morges va devoir reprendre tous les points les uns après les autres – sous pression des opposants qui réclameront une simple piscine couverte – et les villages impliqués – 33 quand même – ne vont pas se mouiller (on prend les paris?) avant la nouvelle législature qui arrive à grande vitesse.

A la question de savoir si on allait en reprendre pour dix ans, le syndic Vincent Jaques a eu comme une expression de surprise en répondant: « J’espère bien que non! Nous travaillons tout de même sur un acquis solide ». Mais si des communes devaient en profiter pour prendre la poudre d’escampette? Si les études devaient reprendre depuis la base sans le spa, avec un autre contour, avec davantage d’oppositions encore? Ces questions sont d’ordinaire de simples conjectures de journalistes, mais pour une fois pas dans ce cas. Jamais nous n’avons entendu dans une assemblée de village un conseiller réclamer à son exécutif d’aller de l’avant et de « secouer Morges », rarement de simplement prendre des nouvelles du projet. Au chapitre des divers, les syndics du district évoquent la place de l’église, des volets à repeindre à l’école ou le nom d’un nouvel apprenti. Ceux qui ont évoqué le Centre aquatique en plénum (Lully, Echandens, Vufflens) se comptent sur les doigts d’une seule main.

Le Journal de Morges a dès les début prêté une oreille attentive à ce projet, convaincu que la région a besoin d’un totem symbolisant son dynamisme et son ambition. Ce n’est manifestement pas le cas d’une majorité de la population et la pandémie que nous vivons actuellement propose le paradoxe de renforcer la solidarité citoyenne des bons sentiments mais également une prudence individuelle compréhensible sur le plan financier.

Convaincre des contribuables de dépenser des millions dans un espace de loisirs et d’amusement auquel ils n’auront peut-être jamais accès relève de la mission impossible

Convaincre des contribuables de dépenser des millions dans un espace de loisirs et d’amusement auquel ils n’auront peut-être jamais accès relève de la mission impossible et même si la Municipalité de Morges martèle sa détermination en faveur du projet, il semble surtout que l’urgence est dictée par l’absolue nécessité de sauver le Plan partiel d’affectation du Parc des Sports, dont un échec lors du référendum gèlerait pour une décennie l’une des plus belles zones de Morges où se mêlent aussi bien des enfants, des jeunes, des vieux, des sportifs, des visiteurs et des touristes.

Un enjeu énorme dont l’issue est impossible à deviner, tant les référendaires ont joué sur le Centre aquatique, désormais mis entre parenthèses. Mais il est peut-être déjà trop tard pour que tous ceux qui ont signé délibérément la feuille tendue au marché retournent leur veste et la parade avancée ce mardi par la Municipalité ressemble surtout à un saut dans le vide avec le mince espoir de retomber sur ses pattes le 27 septembre.

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