Dis bonjour à la dame | Journal de Morges
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Dis bonjour à la dame

Dis bonjour à la dame

Dans mon club de handball, nous demandons à ce qu’à l’issue de leurs matchs nos juniors passent par la buvette.

Non pas pour développer une addiction à la 3e mi-temps, comme confirmé dans ces colonnes récemment, mais pour saluer parents et supporteurs venus les encourager. L’idée est de créer un lien entre ces futurs champions et ceux qui les soutiennent, et de faire respecter, dans cette communauté sportive, tout simplement certaines bases de l’éducation.
Cela peut paraître curieux pour certains, car petit on nous martèle qu’il ne faut pas parler aux étrangers. Et là, ils se retrouvent à faire des checks du point (serrer des mains pour les plus téméraires) à des «vieux» qu’ils ne connaissent pas. Pour moi, la définition d’étranger ne s’applique pas dans le cas présent, parce que joueurs, parents et supporteurs font partie ici d’une même communauté. Ils partagent quelque chose à ce moment, donc sont autorisés à se saluer.

J’ai grandi dans un petit village bucolique (1135 représente!), où, petite, j’avais l’habitude de dire bonjour et d’entendre les gens, croisés dans les rues ou devant la boulangerie, me répondre. C’était normal, soit parce que je connaissais ces gens par l’intermédiaire de mes parents, soit parce que leur présence à Denens signifiait que nous partagions la même communauté. J’étais donc selon moi autorisée à leur adresser la parole. Je suis restée interloquée du haut de mes 10ans quand, me baladant seule à Morges, personne ne me répondait plus. Bon… j’ai vite compris que vu la quantité de monde croisé, en comparaison de mon village d’enfant, cela faisait beaucoup de bonjours à dispenser et donc beaucoup de vents à essuyer!

Revenons en zone rurale et plus exactement dans les chemins de remaniement; entendez par là ces chemins agricoles bétonnés qui bordent champs cultivés et vignes et qui sont faits pour permettre aux paysans de se déplacer avec leurs véhicules de travail d’une parcelle à l’autre. Ces mêmes chemins sont utilisés joyeusement par les promeneurs de chiens et de poussettes, les apprentis cyclistes et les coureurs Strava (qui se sont découvert une soudaine passion pour la course pendant le confinement) et qui, non!, ne devraient pas être empruntés par le quidam en voiture comme raccourci pour rentrer après une emplette à la «Landoch’» de Bussy!

Au travers de ces chemins, je suis amenée à croiser au volant d’un tracteur bien des gens, dont certains sont incapables de répondre à mon salut par des mots, un signe de la main ou de la tête. Est-ce parce que vous êtes victimes d’une timidité maladive, avez-vous signé une convention contre les échanges sociaux, ou appliquez-vous encore le principe enfantin: «connais pas, parle pas»? Certes, nous ignorons tout l’un de l’autre, mais notre présence commune nous fait automatiquement, à ce moment précis, partager quelque chose: un bout de chemin.
Apparemment, les moines tibétains eux se tirent la langue pour se dire bonjour. À partir de la semaine prochaine, je tente ce rituel, voir s’il obtient plus de réponses. À bon entendeur, salut!

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