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Le monde à ma porte – 19 janvier 2021
Il suffit de trois fois rien pour que renaisse une histoire. L’autre matin, assez tôt, je passais à pied dans une des ruelles d’un village vaudois quand m’est arrivé, porté par la forte bise, le parfum rassurant du pain frais. Je marchais sur du verglas, je devais faire attention à chacun de mes pas, franchement, la situation était tendue dans cette petite pente, et je vous le jure, aucun des rares piétons que j’ai croisés ne faisait le malin. Mais ce parfum de boulangerie tiède et tendre, arrivé soudain dans l’aube hivernale, c’était comme un ami que l’on croise et qui éveille en soi mille souvenirs agréables. Dix mètres plus loin, je croise précisément le boulanger, qui revenait du sous-sol du magasin en portant, sur la glace vive, tel un funambule masqué, deux plateaux d’œufs frais. Solidarité des gens en danger de dérapage, je l’ai soutenu du regard, je lui ai souhaité d’arriver à bon port avec sa précieuse cargaison, ce qu’il a fait au prix d’une prudence extrême. Et moi je suis resté là, rempli de douceur, accompagné par les images que les effluves de mie artisanale et l’homme aux œufs frais avaient fait revenir de ma mémoire.
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