Faut-il vraiment démolir Laurence Cretegny?
La présidente du Grand conseil et ancienne syndique de Bussy-Chardonney a commis une faute considérée comme lourde en imitant un accent africain lors d’une séance du parlement vaudois.
L’emballement médiatique et les accusations si rapides de racisme pour une seule phrase recensée lors d’une carrière assez longue laissent tout de même un sentiment de malaise.
Nous avons décidé de ne pas y participer, sans évidemment cautionner des propos pour lesquels elle a certes présenté ses excuses mais que notre rédaction déplore, tout en gardant un certain sens de la mesure.
« Mais pourquoi vous ne déglinguez pas aussi Laurence Cretegny? », se demande un lecteur ce vendredi. Si la question est légitime, la réponse est assez simple. Dans son costume de Présidente des Vaudois, l’ancienne syndique de Bussy-Chardonney a confondu la scène d’une soirée de Choeur-Mixte (où ces imitations ont longtemps faire rire les gens, soyons honnêtes, avant d’être logiquement bannies) avec le perchoir cantonal en prenant un accent africain lors d’un hommage au Chancelier dans le cadre de sa fonction.
En 2021, il n’est plus possible – pas plus que nécessaire d’ailleurs – de plaisanter sur le sujet et Laurence Cretegny, comme elle le reconnaît elle-même, a fauté et présenté ses excuses.
Laurence Cretegny a fait une erreur, elle a présenté ses excuses. Que doit-elle faire de plus?
Que doit-elle faire de plus alors que la vindicte populaire – une partie de collègues bien intentionnés notamment – estime que ce n’est pas suffisant, certains appelant même à sa démission comme les jeunes Vert-e-s ou une association d’étudiants?
Pour notre journal qui couvre les affaires locales et notamment Laurence Cretegny depuis des années, faut-il vraiment la lyncher ou est-ce acceptable – pour ses détracteurs – d’entendre le fait que nous pouvons condamner ses propos et d’une certaine manière sa légèreté sans toutefois vouloir la radier de la vie civile à tout jamais? Pas sûr. Mais si nous respectons tous les avis exprimés, gageons que le notre puisse aussi l’être.
Encore une fois, nous ne cautionnons pas, mais nous nous demandons si Laurence Cretegny a mérité un tel emballement pour une seule phrase prononcée maladroitement durant tout son parcours politique.
Si elle était coutumière du fait, si nous avions connaissance d’antécédents, si son action était continuellement limite sur la question, alors il s’agirait évidemment de la goutte d’eau inacceptable, mais ça n’est à l’évidence pas le cas et il semble objectivement que l’ex-syndique de Bussy ne soit pas la nouvelle Zemmour du canton.
Les médias, notamment nouveaux, qui ne suivent jamais le Grand conseil, ont sprinté sur l’affaire. En espérant faire avancer la démocratie et la lutte contre le racisme ou plutôt additionner quelques clics à bon compte?
La question est aussi légitime que la remise en question de Laurence Cretegny, qui s’est un peu embourbée dans sa défense initiale et qui aurait du se limiter à un repenti sincère.
Si on va plus loin et de manière absurde, on devrait alors aussi condamner l’intégralité de l’oeuvre d’Hergé pour un album qui suscite la polémique avec les lunettes du XXIe siècle et finalement condamner le chancelier d’en être un fan, puisque la référence à « Tintin au Congo » était en lien avec sa passion pour le célèbre reporter.
Une triste affaire, c’est sûr, mais qui ne nécessite pas, à nos yeux, de foudroyer une politicienne de milice qui s’est pris les pieds dans le tapis.
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