Morges: Un étage de moins aux Charpentiers

Coop envisage de regrouper son offre sur un seul niveau. Une révolution qui devrait laisser place à un parking à la place du supermarché actuel.

Le projet avait tout de la rumeur, jusqu’à ce qu’elle se vérifie au gré des interlocuteurs. Et autant dire que la nouvelle est de taille, puisque nos informations indiquent que le centre commercial des Charpentiers s’apprête à vivre une petite révolution avec la fermeture du niveau -1, là où se trouve notamment le supermarché. «Des discussions sont en effet en cours au sujet de l’agrandissement du parking Centre Ville SA qui engendrerait de facto la montée du supermarché d’un étage», confirme la municipale Laure Jaton, en charge de l’urbanisme. «À ce stade, ma Direction n’a toutefois pas été interpellée directement et aucun dossier n’a été déposé.»

Le nombre et la composition des locataires devraient effectivement être réduits en raison des travaux de rénovation

Giovanni Iacomini, responsable de la communication de Coop

Contacté, le responsable de la communication de Coop donne quelques éléments supplémentaires: «Il est important de préciser qu’il ne s’agit encore que de projets et d’une convention tripartite en cours d’étude entre la Municipalité de Morges, Parking Centre-Ville SA et Coop», indique Giovanni Iacomini. «Coop envisage en effet la possibilité de relocaliser ses surfaces commerciales au rez-de-chaussée. Cette modification permettrait de libérer les espaces actuellement situés au sous-sol, lesquels pourraient, sous réserve de divers accords et des autorisations nécessaires, être réaffectés, comme par exemple, à des surfaces de stationnement. Un groupe de travail réunissant les trois partenaires se rencontre régulièrement pour faire avancer la réflexion. Les PPE (ndlr: propriétés par étage) concernées sont également informées de l’évolution du projet et de ses modalités.»

Selon les dires du responsable, les demandes d’autorisations de construire pourraient être déposées à l’automne 2025, un délai qui suggère toutefois que la réflexion est tout de même très avancée.

Forte inquiétude

Interrogé sur les conséquences pour les enseignes indépendantes installées dans le centre commercial des Charpentiers, Giovanni Iacomini admet qu’elles ne devraient pas pouvoir toutes rester si le projet aboutit. «Le nombre et la composition des locataires devraient effectivement être réduits en raison des travaux de rénovation. Nous ne pouvons toutefois pas fournir d’informations détaillées pour l’instant.»

Quand on sonde les commerçants du centre, une certaine amertume ressort, du moins pour ceux qui ont bien voulu s’exprimer. «Il n’y a aucune communication de la part de la Coop, c’est insupportable», dénonce Caroline Wulschleger, la gérante du salon de coiffure Magic Vision.

Ils n’attendent que ça pour me mettre à la porte. Mais je vais tout perdre

Caroline Wulschleger, gérante du salon de coiffure Magic Vision

Cette dernière, qui estime à environ deux millions de francs la somme en loyers qu’elle a versés à Coop Immobilier depuis l’inauguration des Charpentiers en 1989, souhaite quitter ses locaux à la fin de son bail. «Ils n’attendent que ça pour me mettre à la porte. Mais je vais tout perdre. Si je veux rouvrir un salon, ça me coûterait au moins 100 000 francs.»

Malaise évident

Même son de cloche au -1, où le patron du pressing ANGE, Rafiee Fereidon, dénonce lui aussi un manque de transparence. «Je n’ai été informé de rien», déplore le commerçant qui est d’ailleurs en situation de litige avec le géant du supermarché helvétique.

«Je leur ai demandé d’être dédommagé par rapport à tous les investissements que j’ai faits, mais ils ont dit non. Ils m’ont proposé de prolonger mon bail d’une année, mais ça, c’est parce qu’ils ne sont pas prêts», regrette le patron d’une autre enseigne, mais qui préfère garder l’anonymat. «Je ne souhaite à personne d’être locataire d’une de leurs surfaces commerciales. Je n’ai ressenti aucune humanité, ni de pitié pour les petits commerçants», continue-t-il.

Du côté du restaurant La Route de la Soie, le gérant préfère ne pas s’exprimer.