Ils veulent contrer le projet de la gare
Un comité de citoyens a été constitué afin de récolter des signatures dans l’espoir de faire redimensionner le projet de nouveau bâtiment de la gare.
Sera-ce le changement de trop dans le quartier? C’est ce que pensent huit citoyens morgiens qui se sont réunis dans le but de lancer une pétition pour dire «Non à une nouvelle muraille défigurant la Ville de Morges». La muraille en question, c’est le futur bâtiment de la gare. L’actuel sera détruit pour être remplacé par un édifice moderne et bien plus haut. Le projet estampillé CFF ne convainc pas les initiateurs du texte qui soulignent que cette bâtisse à venir «interroge et inquiète les citoyens».
D’une part au niveau du patrimoine. «La Gare de Morges, construite en 1855, est la plus ancienne de Suisse romande encore debout», soulève Yves Rattaz qui, avec ses camarades, appelle à son classement au recensement du patrimoine architectural du canton de Vaud en vue de sa protection.
Fortes nuisances
Mais ce sur quoi s’appuient davantage les pétitionnaires, ce sont les nuisances que provoquerait cette nouvelle construction, à commencer par le volume prévu. «Veut-on se retrouver avec une cour de prison géante fermée sur les quatre côtés qui engendrera un pic de chaleur insupportable en été et deviendra glaciale, sombre et triste, comme une place soviétique en hiver?», interroge Philippe Klöti, membre du comité et habitant le quartier depuis trois ans.
Car le Plan partiel d’affectation (PPA) régissant les volumes autorisés sur cette parcelle mentionne une hauteur pouvant culminer au maximum à 433,50 mètres, soit la taille de la grande tour de l’îlot sud. Ce qui ne sera pas le cas, à en croire les CFF. «Le plan d’affectation permet cette hauteur, mais nous n’irons pas jusque-là, assure Crispino Buccino, chef de projet au sein de CFF immobilier. Le nouveau bâtiment comptera onze étages, ce qui équivaut à peu près à la petite tour de l’îlot sud.»
Autre problématique mise en avant: le bruit, et plus spécialement la réflexion de ce dernier sur les habitants du nord de la gare. «Avec un bâtiment de ce cubage et de cette dimension, la réverbération du bruit des voies de chemin de fer et de l’autoroute va augmenter, c’est certain, souligne Jean-Hugues Busslinger, du comité d’opposition. Comment imaginer que l’amplification du bruit déjà constatée pourrait disparaître alors que l’on construit encore?»
Du côté des CFF, on dément. «Nous avons fait toute une analyse au niveau de notre façade dans le but qu’elle absorbe le bruit, affirme Crispino Buccino. C’est du béton préfabriqué incurvé avec des formes pour que le bruit se casse et que l’on évite les répercussions.»
Ouvrir la discussion
Les membres du comité d’opposition l’admettent, avec cette pétition, ils arrivent peut-être «un peu tard». En effet, le PPA a été accepté il y a presque dix ans. «Mais à l’époque, l’impact était difficile à évaluer, se défend Jean-Hugues Busslinger. Parler de gabarits c’est abstrait.» De plus, leur démarche a pour but de pousser à la réflexion. «On dit que les belles promesses rendent les fous joyeux. On ne veut pas être des fous, poursuit Jean-Hugues Busslinger. L’abandon ou le redimensionnement du projet est une preuve de bon sens.» Et son collègue Jean-Pierre Morisetti d’ajouter: «On souhaite ouvrir le dialogue pour entrer en discussion avec le promoteur.»
Pour les propriétaires de la parcelle, hors de question de revenir en arrière. «La gare s’intègre dans l’urbanisme de la nouvelle place, c’est un tout, informe Crispino Buccino. Comme nous l’avons déjà fait avec les riverains il y a quelques jours, nous sommes bien sûr prêts à expliquer notre projet à tout le monde.»
Avec leur pétition, les huit Morgiens comptent tout de même freiner les ardeurs des CFF, «Une récolte de signatures réussie serait annonciatrice de nombreuses oppositions à la mise à l’enquête, ce qui mettrait une pression sur les CFF et les inviterait à une table de discussion pour redimensionner ce projet», déclare Lucas Brühwiler, membre du comité.
Les pétitionnaires se laissent jusqu’à l’été pour recueillir un maximum de paraphes… et l’espoir de changer les choses.
Ce que vous en pensez
Sur nos différentes plateformes en ligne, nous vous avons demandé votre avis sur ce projet immobilier. 41 % des quelque 380 participants au sondage estiment qu’il faudrait garder la bâtisse actuelle telle quelle, 16 % suivent le projet des CFF, 27 % pensent qu’une modernisation est nécessaire, mais en conservant les hauteurs actuelles et 16 % optent pour une construction encore plus grande que celle annoncée. Tels étaient les résultats mercredi à 15h. Or quelques heures plus tard, dans un laps de temps très court, près de 200 votes ont été enregistrés en faveur d’une tour la plus haute possible. Un événement inexplicable qui, il faut l’avouer, laisse perplexe.
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