Ils cultivent la tradition du bel accueil

Kieran Young et Helena Colelough œuvrent pour que les artistes de passage à Beausobre se sentent comme à la maison. Photo: Nicolet
Les plus grands noms de l’humour, du théâtre, de la chanson ou encore de la danse accueillis chaque année au Théâtre de Beausobre sont tous chouchoutés par un duo de choc, qui œuvre dans l’ombre.
Si une représentation au théâtre dure du lever au baisser de rideau, les moments passés sur le site par les artistes sont beaucoup plus longs. De l’arrivée au parking de Beausobre à leur départ en fin de prestation, ils peuvent compter sur des accompagnants aux petits soins. Helena Colelough, 25 ans et Kieran Young, 34 ans, ont débuté ensemble il y a bientôt deux ans. «Pour résumer, on fait en sorte que leur passage à Beausobre se déroule du mieux possible», synthétise Helena en nous faisant faire le tour du théâtre. Un exercice dont elle a l’habitude. «Et voilà la cuisine! Les techniciens viennent de finir de manger et ce soir c’est fondue, alors c’est assez tranquille», poursuit la Morgienne.
À côté des plaques chauffantes, Kieran Young, encore vêtu de son tablier, confirme. «Il y a des fois où c’est plus complexe car il y a des intolérances ou des régimes spéciaux, il faut donc se préparer en fonction», détaille celui qui est aussi le chef de la Crique durant la période estivale.
De retour dans le bar des artistes et de ses mythiques affiches de spectacles passés par Beausobre, on ne peut s’empêcher de jeter un œil au livre d’or réservé à ceux qui foulent les planches. «Le plus beau théâtre, la meilleure cantine, le plus beau catering (ndlr: restauration)», a ainsi annoté une membre de la troupe «Un léger doute» qui était programmée sur la scène morgienne en novembre dernier. «Merci pour tout!», «Super accueil», «Merci pour le p’tit déj’» peut-on encore lire au fil des pages. «99 % des artistes qui viennent ici sont hyper contents de l’accueil», assure Helena.
Travail intense
Mais cette reconnaissance n’arrive pas de nulle part. C’est un gros travail que fournissent Helena Colelough et Kieran Young en amont. «On reçoit une fiche technique plusieurs semaines en avance, explique Helena Colelough. Sur cette fiche, il y a toutes les demandes de l’artiste ou de la troupe programmée. Ça peut aller de la couleur des fleurs au nombre d’amendes mises à disposition en passant par la marque de boisson et le type de capuchon.»
«Parfois, il y a des choses qu’on ne trouve pas ici, ajoute Kieran Young. On leur propose un équivalent mais, si ça n’est pas possible, on doit se débrouiller pour dénicher ce qu’ils veulent. Des fois, il y a des trucs vraiment pas évidents à se procurer mais rien d’extravagant non plus, même si c’est quelque fois très cher.»
Confidentialité oblige, on ne saura pas quel artiste a les demandes les plus saugrenues. Mais le travail d’accueil ne consiste pas seulement à trouver les produits favoris des stars. «On prépare tout ça en amont ainsi que les loges et le bar, continue d’expliquer celle qui a un bachelor en gestion d’entreprise. Une fois qu’ils arrivent, on les reçoit – y compris l’équipe technique – et on reste à leur disposition. On leur fait visiter le théâtre, on leur fait à manger, on va les chercher quand c’est l’heure.»
Horaires difficiles
Si le job est prenant, ce n’est pour autant pas un travail à 100%. «On ne bosse que les jours de spectacle», précise Helena Colelough, qui travaille le reste du temps dans un bar à vin. Mais il faut faire avec des horaires spéciaux. «C’est toujours moi qui ferme le bar, donc ce n’est jamais avant 23 h – 23h30 et, si on tombe sur une troupe qui a envie de faire la fête, ça peut facilement être 1h30 ou 2 h du matin. On arrive en mars, notre plus gros mois et ça sera comme ça 4 soirs par semaine.»
Pourtant les deux jeunes responsables de l’accueil se disent ravis des découvertes quotidiennes du milieu. «C’est une belle opportunité de rencontrer des artistes tout en contribuant à notre niveau à la bonne marche du spectacle», souligne Kieran Young. Et sa comparse de conclure: «On est en mode travail donc on ne joue pas les fans, mais certaines rencontres m’ont marquée et c’est une occasion assez unique qui n’existe pas forcément dans d’autres corps de métier.»
Les secrets d’une qualité reconnue
Si le théâtre morgien est réputé pour son accueil, la question est de savoir depuis quand, et pourquoi. «Il avait déjà une très bonne cote à mon arrivée, assure Roxane Aybek, directrice et programmatrice. Mais je pense qu’il y a plusieurs facteurs à ça: tout d’abord un public généralement très attentif et à l’écoute, dans une grande salle de 800 personnes qui conserve tout de même une belle proximité avec la scène, où que vous soyez placés.» Et le secret réside aussi dans les coulisses. «On nous félicite très souvent pour l’accueil, tant technique que celui des artistes», poursuit la directrice. Qui sourit au moment de dévoiler le secret de cette réussite. «Je crois qu’il n’y en a pas. On fait tout ça avec un certain naturel. On accueille les artistes comme on recevrait nos amis à la maison: on veut que tout soit propre, que la nappe soit jolie, etc. Parfois avec des attentions particulières comme un gâteau s’il y a un anniversaire dans l’équipe. Le tout sans distinction entre une star et une troupe peu connue.» Une simplicité qui fait mouche. «Les agents sont confiants de nous envoyer des Sophie Marceau ou Fanny Ardant, ils savent que tout va bien se passer», conclut Roxane Aybek.
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