Dernier acte pour la plume culturelle de la région | Journal de Morges
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Dernier acte pour la plume culturelle de la région

Dernier acte pour la plume culturelle de la région

Jean-Jacques Gallay a tenu la rubrique culturelle du Journal de Morges pendant un quart de siècle.

Infatigable témoin des créations, représentations et autres soirées pendant de nombreuses années pour le compte du Journal de Morges, Jean-Jacques Gallay nous a quittés il y a quelques jours.

L’enseignant installé à Reverolle avait poussé la porte de la rédaction en 1986, pour rédiger pas moins de 1000 articles signés « JJG » en un quart de siècle.

C’est notamment lui qui a suivi les spectacles du « tout nouveau » théâtre de Beausobre, en relatant les passages des plus belles voix de la chanson française avec la bienveillance qui était la sienne.

Il racontait d’ailleurs cette anecdote qui le prédestinait à devenir « l’envoyé spécial » permanent à Beausobre. «De ma salle de classe où j’enseignais aux élèves du collège, j’ai vraiment vu naître cet endroit. À l’époque, personne ne pouvait imaginer que cette scène allait connaître un destin aussi extraordinaire, mais ce parcours a, d’une certaine façon, coïncidé avec le mien.»

Entré « au culot »

Car en 1986, l’habitant de Reverolle a déjà un solide parcours de chroniqueur derrière lui, notamment au Journal d’Yverdon et dans plusieurs autres publications, mais curieusement pas encore au Journal de Morges. «Les choses se sont faites très simplement. Comme j’imaginais bien qu’il y aurait des spectacles à couvrir à Morges, j’ai contacté la famille Trabaud qui m’avait immédiatement engagé!»

Je n’étais pas vraiment un critique au sens premier du mot, car on m’a souvent reproché d’être trop gentil

D’abord prévu comme une aula, l’endroit devient pourtant un théâtre et prend très vite son envol avec un témoin qui le devient naturellement: le «critique» du journal local. «J’ai toujours été bien reçu et je peux confirmer que la qualité de l’accueil, si souvent soulignée quand les artistes parlent de Beausobre, n’est pas une légende. L’équipe est vraiment fantastique», nous racontait-il lors d’une interview où nous lui avions proposé d’aller nous installer dans la loge des artistes.

1000 articles

Durant ces vingt-cinq années de collaboration, Jean-Jacques Gallay estimait sa contribution à 1000 articles, souvent attendus. «Critique n’est peut-être pas le mot juste, car à part deux articles où j’ai subi des reproches, on m’a souvent dit que j’étais au contraire trop gentil.»

Alors qu’Internet n’existait pas et que les meilleurs sketchs ou morceaux ne se partageaient pas avant l’heure sur les réseaux, Jean-Jacques Gallay évoquait une forme de parenthèse enchantée où le compte-rendu d’une pièce – la fameuse critique évoquée ci-dessus – était parfois le seul moyen de connaître l’actualité d’un artiste de passage à Morges.

Soirées mémorables

La presse, et le JDM devenu hebdo aussi, fait donc davantage place aux interviews et portraits, moins aux coups de cœur de Jean-Jacques Gallay qui logiquement doit faire place à la relève et intervenir moins souvent dans nos colonnes, dans un nouveau rôle de chroniqueur, non sans regret. 

Cela n’enlève rien aux souvenirs et de cet amour des beaux textes. «Il y a eu des moments de grâce, d’émotion pure. Je pense à Léo Ferré ou à Gilles Vigneault, à Ute Lemper aussi, à ces instants de standing ovation ou plus prenants encore de silences, lorsque le public ne fait plus qu’un», s’émerveillait-il de ces instants qu’il restituait fidèlement à ses lecteurs.

Les équipes du Journal de Morges, à qui M. Gallay envoyait encore régulièrement des félicitations et autres remarques toujours bienveillantes, présentent à toute sa famille ses plus sincères condoléances.

Un intérêt aux larges contours

Résumer le parcours de Jean-Jacques Gallay relève d’une mission impossible. Enseignant de français, allemand et latin, en poste à Morges dès 1965, le citoyen de Reverolle a fait plus que de couvrir les concerts de musique classique de la région puisqu’il s’est engagé comme membre du comité des «Concerts classiques de la région morgienne» pour lesquels il n’a jamais ménagé ses efforts.

Musicien averti avec une formation de pianiste, il a accompagné des groupes et a notamment participé au «Coup d’essai», spectacle qui connut un joli succès aux Faux-Nez et dans quelques soirées locales.

Un pilier

En juillet 1996, quand Jean-Jacques Gallay avait pris sa retraite, la commission scolaire avait parlé «d’un pilier du Collège de Beausobre» qui s’en allait après 36 années consacrées à l’enseignement. Un enseignement qu’il avait toujours tenu à rendre vivant et attractif et dont avaient bénéficié près de 2500 élèves auxquels il a inculqué des notions de français, d’allemand et de latin dès 1965. Élèves auxquels il avait aussi proposé des cours de photographie qui était l’une de ses passions.
Il vouait aussi ses loisirs au jardinage et à l’apiculture. Chrétien engagé, il a œuvré au sein de la paroisse réformée de Morges. C’est d’ailleurs au temple de Morges qu’un culte sera célébré le 22 juin en l’honneur de celui qui est décédé à l’âge de 87 ans.
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