Les gardiens de nos randonnées | Journal de Morges
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Les gardiens de nos randonnées

Les gardiens de nos randonnées

Eric Emery était baliseur à l’origine, mais depuis six mois, il supervise les sept autres camarades de son équipe. Photo: Rempe

Cette année, nous vous faisons découvrir le Jura dans tous ses états. Première rencontre sur les sentiers de randonnées, tous balisés par des bénévoles.

Ils font pratiquement partie du paysage et vous en avez déjà tous vu au moins un, peut-être que vous ne les remarquez même plus. Ces logos jaunes, parfois losange, parfois simple flèche ou agrémentés d’un marcheur, ont pour mission d’indiquer les 3800 kilomètres de chemin de randonnée que compte le canton de Vaud.

Outre leur indispensable rôle de marqueur, les marques jaunes ont la spécificité d’être réalisées par une équipe de bénévoles sur tout le territoire. «Vaud Rando, qui est mandaté par le Canton pour s’occuper de ça, compte dix régions, décrit Eric Emery, qui a repris la responsabilité de la région La Côte depuis six mois. Chacune a un chef, qui gère son équipe de baliseurs.» La zone d’Eric Emery englobe 330 kilomètres de sentiers, inspectés par sept personnes, soit un peu moins de 50 kilomètres chacune. «À chaque début de saison, aux alentours de mai-juin, les baliseurs font les chemins du secteur qui leur a été attribué pour s’assurer que tout soit en état.»

Sur la route

Afin de mieux saisir le travail de ces véritables gardiens des randonnées, Eric Emery nous invite à le suivre sur les hauts de L’Isle, le long d’un «petit» itinéraire d’une bonne demi-heure qui mène à la buvette de Châtel, histoire de mériter une récompense.

Avant de partir, Eric Emery vérifie son matériel. «Aujourd’hui je n’ai que le strict minimum, à savoir du scotch, de la peinture, des pinceaux. Mais le sac classique pèse huit kilos et comprend aussi une boîte à outils avec brosse métallique, tournevis et marteau pour fixer certains panneaux.»

On s’élance alors sur le sentier recouvert d’épines qui en font un magnifique tapis parsemé de pives. Au fur et à mesure de notre avancée, notre guide nous montre les marques jaunes caractéristiques de Vaud Rando. «On doit s’assurer que les plaques sont correctement accrochées et en bon état et que les marques de peinture sont visibles et aux bons endroits»; entendez par là, dans des virages ou lorsqu’il y a un doute sur la route à suivre. «On ne s’occupe pas de l’état du chemin, précise Eric Emery. C’est le travail des communes. S’il y a un souci, on le leur signale, mais ce n’est pas de notre ressort.»

On poursuit notre grimpette qui, relève le Morgien, «est un sacré chemin» pour le baliseur qui s’en charge. «Il part du Mollendruz, passe par là, va jusqu’au Mont-Tendre, puis descend sur Montricher, c’est un gros boulot.» Un tourniquet se dresse alors sur notre route. «Ici, c’est sur-balisé», sourit Eric Emery en indiquant les trois logos situés sur la structure métallique et le piquet à côté. «Ça aussi, c’est nous qui installons, ajoute le chef baliseur en faisant fonctionner le tourniquet. On monte avec et, en accord avec les communes, on les installe.»

À cet endroit, le panneau fléché stipule «suivre clôture», rien de plus simple en théorie. «Seulement, on ne sait pas comment c’est possible, mais des gens arrivent quand même à se perdre. Quand ça arrive, je me rends sur place pour voir si quelque chose ne va pas, histoire de corriger le tir si besoin. Mais souvent, c’est surtout à cause de l’inattention.»

Vigilence

Petit à petit, on réalise que l’on adopte les réflexes de notre guide. On regarde à droite à gauche pour constater que les marques peintes sont suffisamment visibles, on vérifie si le suivi du sentier est assez clair. «Regardez. Là, il y a une autre marque blanche et rouge. Elle marque un parcours qui n’est pas estampillé Vaud Rando, mais passe au même endroit. J’ai peur que certains randonneurs soient induits en erreur, car chez nous le rouge signale un chemin difficile, soulève Eric Emery. Il faut que je regarde avec la Commune de L’Isle.»

On aperçoit au loin le toit de la buvette, l’occasion de s’arrêter pour un café. «Depuis le Covid, les adeptes de la randonnée se sont multipliés, assure notre compagnon de route. C’est même le sport préféré des Suisses. S’assurer du bon balisage des sentiers, c’est permettre à tout le monde de passer de bons moments dans la nature.»
En redescendant, Eric Emery prend le temps de nous indiquer les alpages alentour. «Je ne les connais pas encore tous, mais ça va venir!»

Reconnaissance et plaisir

Eric Emery l’affirme: «Ce n’est pas grand-chose» d’être baliseur, c’est «surtout du plaisir de se promener dans la nature». Défrayés au kilomètre de travail, les responsables du balisage sont majoritairement retraités. «Il faut tout de même investir un certain temps dans cette activité, relève le Morgien. Ce n’est pas forcément compatible avec une activité professionnelle.» Mais, il l’assure, le jeu en vaut la chandelle: «C’est utile, le cadre est magnifique et les gens nous remercient, c’est gratifiant! En plus, on est en contact avec les gardes forestiers, les communes, c’est un lien social très chouette». Et pas de pénurie d’effectifs à l’horizon, Eric Emery a des baliseurs en attente s’il devait renouveler son groupe.

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