Nouvelles informations sur le tueur de Morges
Quatre jours avant son acte, le meurtrier de Morges avait été fouillé et sa chambre d’hôtel perquisitionnée, notamment parce qu’il ne respectait pas les règles de sa libération conditionnelle, a appris la RTS. Vaud et Berne se renvoient la responsabilité de l’avoir laissé ensuite les mains libres et sans suivi.
Par Ludovic Rocchi, RTS
Quelques jours avant l’attaque qui a coûté la vie à un homme de 29 ans, tous les voyants semblaient au rouge. La télévision alémanique SRF l’a révélé vendredi soir: O. A., 27 ans, avait subi une fouille en règle le 8 septembre dernier, soit quatre jours exactement avant de se ruer sur un inconnu et de le poignarder devant un kebab du centre de Morges.
Ce jeune radicalisé était censé suivre toutes sortes de règles de conduite depuis sa libération de prison préventive en juillet dernier. Or, il ne se ne présentait pas régulièrement aux rendez-vous avec la police et pour son suivi psychiatrique, raison pour laquelle une perquisition avait été ordonnée. « La police cantonale était inquiète des manquements de O. A. et souhaitait procéder à des contrôles », a confirmé à la RTS le service de communication de la conseillère d’Etat vaudoise Béatrice Métraux.
Pas d’arrestation après la perquisition
Impossible, par contre, de savoir ce qui a été constaté au moment de la perquisition. Côté vaudois, on assure avoir transmis immédiatement toutes les informations au Ministère public de la Confédération, responsable de son dossier en raison de ses antécédents à caractère terroriste. O. A. était classé comme dangereux par les services de renseignement depuis 2017 notamment pour ses connexions avec les milieux radicalisés, la consommation et la diffusion de propagande djihadiste et la tentative d’incendie d’une station d’essence de l’Ouest lausannois en 2019.
Le MPC, lui, n’a pas fait de commentaire sur la réaction qu’il a eue après la perquisition en raison de l’enquête pénale en cours. Du côté de Béatrice Métraux, on insiste toutefois pour souligner que « le MPC n’a pas ordonné l’arrestation immédiate de l’intéressé ». Cette absence de réaction face à un jeune radicalisé, déséquilibré psychiquement et en rupture avec les mesures d’accompagnement ordonnées par la justice est l’un des grands points noirs de cette affaire. Il alimente d’ailleurs une vive polémique entre les autorités vaudoises et fédérales.
Le dialogue s’envenime entre Vaud et Berne
Autre inconnue: à défaut d’avoir été maintenu enfermé, pourquoi O. A. résidait-il dans une chambre d’hôtel et non dans un milieu surveillé et médicalisé? Là aussi, Vaud et Berne se renvoient la responsabilité et le dialogue s’envenime. Le Conseil d’Etat vaudois a envoyé plusieurs courriers aux autorités fédérales et une rencontre doit avoir lieu prochainement au niveau opérationnel entre les polices vaudoise et fédérale, qui doivent s’expliquer.
Le canton de Vaud affirme avoir insisté sur la dangerosité de O. A., plaidé pour son maintien en prison préventive, puis avoir tout fait pour lui trouver une place dans un foyer plutôt qu’à l’hôtel. Côté fédéral, on explique que le maintien en prison n’était légalement plus possible et qu’une expertise psychiatrique prônait une sortie. Par contre, le MPC estime avoir dit dès le départ que sa place n’était pas à l’hôtel mais dans une institution médicalisée et surveillée. Selon lui, le canton aurait tardé à trouver une solution dans un foyer, ce que contestent les autorités vaudoises.
En tout état de cause, le 12 septembre dernier, O. A. était encore logé à l’hôtel quand il est passé à l’acte. Un testament a été retrouvé dans la chambre qu’il occupait. En outre, quelques jours plus tard, il a indiqué avoir voulu « venger le prophète ».
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