Le canton prêt pour un retour de l’école à distance
Si les conditions sanitaires l’exigent, le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) se prépare au déploiement de l’enseignement à distance à large échelle.
Il s’est, pour cela, appuyé sur un bilan constitué de trois études, portant sur le ressenti des élèves, des parents et des enseignants quant à la période d’enseignement à distance vécue au printemps 2020. De ces travaux résulte un bilan contrasté de cette période : les situations vécues ont été très différentes d’un élève à l’autre, suivant les degrés, les cursus, les enseignants et les conditions familiales, notamment socio-économiques. Les familles se sont heurtées à de nombreuses difficultés liées tant à la situation inédite qu’à l’absence d’enseignement dispensé en classe. Corollaire inévitable, les inégalités entre élèves se sont malheureusement creusées même si le taux de décrochage a pu être limité. Cette période a parallèlement vu naître de nombreuses initiatives et projets tant individuels que collectifs et ainsi permis de tester des outils efficaces qui sont actuellement en cours de déploiement dans l’ensemble des lieux de formation. Prêts à être activés en cas de fermeture d’une ou plusieurs classes ou établissements, ces outils constituent une pièce essentielle pour assurer une année scolaire aussi normale que possible.
Pour prendre des mesures efficaces et renforcer l’enseignement à distance, le DFJC a analysé le ressenti des élèves, des parents d’enfants scolarisés au primaire et des enseignants au cours de cette période en se basant sur trois études. Menées respectivement par l’Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques (URSP), la Haute école pédagogique (HEP Vaud) et par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), elles ont permis de tirer plusieurs constats généraux au nombre desquels: Une disparité forte a existé quant aux situations vécues par chaque famille. On a assisté à un accroissement des inégalités entre élèves lié au fait que l’enseignement à distance n’est pédagogiquement pas comparable à l’enseignement en classe. Le décrochage scolaire a pu être limité à une moyenne de moins de 5%, dans laquelle le gymnase et le secondaire I (9-11H) sont les secteurs les plus impactés. Les moyens de communication numériques ont été fortement utilisés, surtout les emails et les messageries.
Dans le détail, l’enquête sur les élèves (URSP) explique les raisons qui ont poussé certains d’entre eux à ne pas suivre l’entier de l’enseignement proposé ou à décrocher. C’est avant tout la perte ou le manque de motivation qui est très largement invoqué, loin devant les difficultés familiales ou le manque d’équipement informatique. Un tiers des élèves ont aussi estimé que les conditions de travail à domicile étaient peu satisfaisantes.
Malgré une situation exceptionnelle et difficile, une bonne majorité des parents d’enfants scolarisés au primaire (étude HEP) se sont sentis relativement à l’aise pendant l’enseignement à distance. Cependant, ils ont eu des difficultés à motiver leurs enfants à se mettre au travail, à persévérer. Ils ont aussi eu du mal à répondre de manière «adéquate» à leurs questions, à leur expliquer correctement « à la manière de l’enseignant ». Le travail scolaire a par ailleurs engendré d’importantes tensions. Les parents ont plutôt eu l’impression de faire l’école à la maison que d’assister à l’enseignement à distance de leur enfant.
Les enseignants (étude EPFL) estiment en majorité avoir mené à bien leur mission principale, à savoir distribuer le travail, concevoir des activités et maintenir le contact. Leur bilan démontre aussi l’importance des contacts, du feed-back, de l’individualisation du suivi et de la diversification des activités. L’utilité des plateformes d’échanges numériques est aussi soulignée, à condition que les mêmes outils soient utilisés, qu’on puisse y être formés et que les éventuels problèmes techniques puissent être résolus rapidement. La visioconférence est également mise en avant comme outil pour maintenir le contact et pour rythmer la journée de l’élève pour autant qu’on lui fixe des règles d’utilisation claires.
Des mesures pour un enseignement à distance plus efficace
Pour répondre aux points soulevés par ces études, des mesures concrètes ont été développées dès l’été dans chaque ordre d’enseignement. Elles font actuellement l’objet d’une consolidation au sein des établissements scolaires et auprès des enseignants. Elles ont également été communiquées aux parents de l’école obligatoire.
Pour ce qui est commun aux écoles obligatoire et post-obligatoire, la première de ces mesures porte sur l’objectif pédagogique de l’enseignement à distance qui aura désormais pour but de progresser sur les objectifs fondamentaux du programme et pas seulement de consolider les acquis. Cette mesure doit permettre d’éviter le risque d’une année « perdue », mais également de renforcer la motivation des élèves à poursuivre le travail à distance sur une période relativement longue.
La deuxième mesure porte sur le volet de l’organisation du travail. Pour permettre aux enseignants de se coordonner sur la quantité de travail à donner aux élèves, un agenda électronique commun rassemblera toutes les activités prévues et à faire durant la semaine. Il permettra également aux élèves de structurer leur travail quotidien et de garder le rythme scolaire. L’utilisation de cet agenda fixera également les moments de visioconférences dont le nombre varie suivant les ordres d’enseignement. Ces rencontres virtuelles, grâce aux outils choisis ou fournis, rythmeront les semaines de travail et diversifieront les activités. Comme le montrent les enquêtes, l’utilisation régulière de contacts directs mais virtuels peut contribuer à diminuer le nombre d’élèves en décrochage, en particulier chez les plus âgés. Pour lutter contre ce décrochage, les maîtres de classe sont également invités à maintenir un contact régulier et hebdomadaire avec tous leurs élèves.
Troisième mesure, afin d’améliorer les retours aux élèves sur les travaux fournis, des outils collaboratifs (bureautique, messagerie, partage de documents) sont proposés à l’ensemble des écoles et des ressources mises à disposition pour accompagner leur utilisation. Dans ce sens, pour faciliter et homogénéiser les échanges avec leurs enseignants, tous les élèves dès la 7e jusqu’à la fin de l’école professionnelle, des mesures de transition ou du gymnase sont maintenant équipés d’une adresse email. Plus de 100’000 adresses ont non seulement été créées, mais il a fallu les intégrer de manière dynamique au système de gestion qui permet de suivre les changements inhérents à la vie de l’école, un élève qui change de classe, l’arrivée d’un nouvel enseignant, etc.
Le travail réalisé entre juin et octobre a été conséquent et il continue. Il a été doublé, dès la rentrée d’août, d’un important travail de repérage des élèves en difficulté et de la mise sur pied de soutiens à leur intention.
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