Les insectes suisses sont menacés | Journal de Morges
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Les insectes suisses sont menacés

Les insectes suisses sont menacés

Les insectes vivant à proximité des cours d'eau sont particulièrement menacés, selon le rapport. Unsplash/Dorothea Oldani

La diversité et la taille des populations d’insectes ont fortement diminué en Suisse, principalement sur le Plateau, mais aussi dans le Jura et les Alpes. Il faut agir vite si l’on veut enrayer cette évolution, selon un rapport.

La situation des insectes est préoccupante, selon ce premier rapport détaillé sur le sujet, présenté mardi devant la presse par le Forum biodiversité de l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT).

Il y a en Suisse environ 30’000 espèces d’insectes connues, et probablement 15’000 encore non découvertes, a indiqué Florian Altermatt, président du Forum biodiversité et professeur d’écologie aquatique à l’Université de Zurich.

Qu’il s’agisse de la pollinisation dans l’agriculture, les jardins et la nature, de la dissémination des graines, de la formation de sols fertiles, de la chaîne alimentaire pour les poissons et les oiseaux, les insectes sont essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes.

Actuellement, les Listes rouges fournissent des données sur le développement de 1153 espèces d’insectes. Près de 60% d’entre elles sont en danger ou potentiellement menacées. Les insectes vivant au voisinage des eaux, dans des zones humides et des régions agricoles sont particulièrement sous pression.

En revanche, les espèces communes et aimant la chaleur – le bostryche par exemple – se sont plutôt propagées au cours des vingt dernières années, et on rencontre de plus en plus les mêmes espèces sur de vastes étendues. Cette uniformisation se constate également chez les oiseaux et les plantes, sur le Plateau tout comme dans le Jura, les Préalpes et les Alpes.

Biomasse en déclin

En revanche, on manque de données sur l’évolution de la quantité totale d’insectes – appelée la biomasse – dans l’ensemble de la Suisse. Les scientifiques supposent toutefois que les pertes sont similaires à celles observées dans d’autres pays d’Europe. En Allemagne, la biomasse des insectes volants a diminué de plus de 75% au cours des trois dernières décennies.

Les causes du déclin des insectes en Suisse sont largement connues: la perte continue de milieux et de structures adéquates et la dégradation de la qualité des habitats restants du fait de la surfertilisation, des pesticides et de la pollution lumineuse.

Le réchauffement climatique et les espèces envahissantes sont également des facteurs de stress. Un élément particulièrement inquiétant est que des espèces très communes ont disparu, a souligné Florian Altermatt.

Un programme en douze points

Selon le rapport, divers instruments ont été développés au cours des dernières décennies en vue de protéger les habitats et les espèces menacées. Il s’agit notamment de l’aménagement et de l’entretien d’espaces protégés, de la valorisation et mise en réseau d’habitats ou de la création de zones de promotion de la biodiversité.

Ces mesures peuvent certes être efficaces au niveau local, mais globalement, elles n’ont pas enrayé le déclin des insectes. Si l’on entend préserver à long terme la diversité des insectes en Suisse, il faut adapter et compléter les instruments existants.

À cette fin, les chercheurs proposent un programme en douze points. « Il faut agir vite, on est à la limite », selon Yves Gonseth, membre du conseil scientifique du Forum biodiversité. Parmi les mesures suggérées figurent l’identification des milieux riches en insectes et leur interconnexion afin de créer de nouveaux réservoirs.

Techniques néfastes

Il s’agit également de limiter certaines techniques de fauche et de bûcheronnage néfastes, l’usage de pesticides et la pollution lumineuse. Enfin, une étude de l’institut WSL a également mis le doigt récemment sur de nombreuses subventions problématiques, par exemple pour le drainage de zones humides, a relevé M. Gonseth.

« Nous en savons assez pour agir », a encore dit Daniela Pauli, directrice du Forum biodiversité. Et la politique ne reste pas inactive: au 1er septembre, 19 dossiers en cours au niveau fédéral contenaient « insectes » dans le titre et 111 dans le texte. Le rapport entend servir de base scientifique à la classe politique dans l’élaboration de mesures adéquates.

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