Il y a 150 ans explosait l’arsenal de Morges

Le 2 mars 1871, alors que les internés francais de l'armée de Bourbaki étaient occupés à désamorcer des munitions, une explosion se produit qui fait 26 morts - surtout des soldats français - et dévasta les premiers bâtiments construits pour l'arsenal. Photo: collection Musée militaire vaudois, château de Morges
Le 2 mars 1871, à 18 heures, une violente explosion dévastait l’arsenal de Morges, causant la mort de 22 internés français et de deux citoyens suisses.
Aujourd’hui, il y a donc 150 ans qu’eut lieu une catastrophe qui est aussi un épisode tragique de l’internement de l’armée de l’Est. Après l’entrée en Suisse de l’armée française, 780 soldats tricolores furent internés à Morges, dès le 1er février. Ils y demeurèrent jusqu’au 14 mars. De grandes quantités de matériels et de munitions furent déposées à l’arsenal durant la première moitié de février.
Une grande partie de ces munitions était hors service par suite d’un emballage défectueux et de l’humidité. Aussi, lorsqu’elle vint faire la reconnaissance de son matériel, la commission française décida-t-elle que les cartouches avariées seraient défaites et la poudre mise en tonneaux. Ce travail débuta le 18 février et occupait 72 internés. Le 2 mars, à 18 heures, une explosion se produisit dans un des ateliers. Un incendie se propagea rapidement par l’explosion successive des caisses de munitions. Lorsqu’un hangar contenant 448 «schrapnels» chargés prit feu à son tour, il se produisit une terrible explosion qui provoqua l’effondrement de la toiture du château et fit voler au loin des débris de toutes sortes, endommageant les maisons les plus proches. Cette explosion fut telle que des témoins rapportent que les vitres des maisons de Thônon situées au bord du lac furent brisées. L’explosion s’entendit dans un rayon de plus de trente kilomètres.
Il apparut inutile de vouloir combattre le sinistre. De nombreux citoyens morgiens et des internés se dévouèrent pour organiser le sauvetage et protéger le château et ses dépendances. Certains se précipitèrent dans la cour et, au milieu des explosions, faisant fi du danger, entraînèrent au loin les canons et les caissons chargés. Un de ceux-ci éclata dans le port. La chaleur intense fit fondre des canons. Des sabres et des fusils furent amalgamés en de grosses masses. Les dégâts à la ville furent importants. Presque toutes les vitres furent brisées, ainsi que de nombreux volets. Des lézardes apparaissaient sur les façades de plusieurs maisons. Les victimes, après avoir été inhumées dans l’ancien cimetière de Morges durant 44 ans, reposent maintenant sous un obélisque, à l’entrée du parc de l’Indépendance.
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Un duel légendaire au château
La cour d’honneur du château accueille depuis mercredi le spectacle L’Ordalie, qui relate les derniers jours d’Othon de Grandson.
C’est un bond dans le temps de 700 ans qui attend les spectateurs de L’Ordalie. La pièce, qui conte les derniers jours du chevalier et poète Othon de Grandson, avant sa défaite fatale lors d’une ordalie – un duel judiciaire – sera jouée durant tout le mois de septembre dans la cour d’honneur du château de Morges. Un projet de longue date réalisé grâce à la collaboration entre des passionnés d’Histoire et d’arts scéniques.
«On parle d’une pièce de théâtre, mais en réalité c’est un spectacle multiforme», précise Pascal Pouly, le conservateur du château et de ses musées. Outre les dialogues et les scènes de cascades, L’Ordalie place également la danse contemporaine sur le devant de la scène. A l’origine des chorégraphies, on trouve Esther Fantys et Jean-Philippe Guilois, qui sont également comédiens. Il en résulte un contraste entre un univers médiéval, marqué notamment par des costumes d’époque, une prose inspirée du 14e siècle et une musique moderne.
Le spectacle garantit également une immersion au cœur de l’action, notamment lors des duels. «Les spectateurs seront réellement ceux du public d’époque. Ils ne seront pas simplement assis confortablement dans leurs fauteuils», précise le metteur en scène et maître d’armes Jan Fantys.
Si la première représentation a eu lieu mercredi, les répétitions, elles, vont bon train depuis un bon bout de temps. «Ce spectacle a bouleversé la routine du château. Pendant les mois qu’ont duré les répétitions, les visiteurs du château ont pu assister à toutes les étapes», se réjouit Pascal Pouly.
Le spectacle se déploiera à 360° sur un rectangle tapissé de copeaux de bois où évolueront acteurs, cascadeurs et danseurs. «Dans l’idée de faire vivre nos monuments historiques, c’est une pièce qui a sa place ici, dans un château savoyard où notre protagoniste est probablement passé», lance Edmond Vullioud, l’interprète d’Othon de Grandson.
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Aux origines
C’est en 2005 que tout se met en route, alors que Jan Fanty commande à son ami Michel Moulin un scénario sur Othon de Grandson. L’œuvre sera achevée en 2006. Depuis lors, l’équipe cherche un lieu qui puisse accueillir L’Ordalie. C’est finalement Adélaïde Zeyer, directrice du Château de Morges, qui se montrera emballée par le projet. «C’est une femme incroyable qui va au bout de ses idées, s’enthousiaste Esther Fanty. Le château en soi mérite d’être connu et c’est une belle expérience de travailler avec des gens qui aiment autant ce monument.»

Château entre de bonnes mains
En convalescence, le Château de La Sarraz nourrit de nombreux projets pour un futur plus solide.
En cette journée d’hiver, en plein soleil, le Château de La Sarraz se dresse fièrement devant les visiteurs. Avec cet éclairage «tombé du ciel», le site est splendide et les participants d’un séminaire n’en reviennent pas de prendre la pause dans ce cadre unique alors que la période invite davantage au ski!
Mettre en valeur l’édifice, fermé de 2013 à 2017, voilà le défi quotidien de la directrice Florence Bonneru et de son équipe réduite, entre démarche culturelle et location de salles pour des mariages ou des colloques. «Nous menons ces deux chantiers de front et le plus délicat est de faire face aux «caprices» de ce personnage qu’est le château lui-même. Le moindre problème, comme un souci de chauffage ou de toiture, entraîne souvent de l’entretien à grands frais et c’est tout ce qui nous est enlevé pour l’investir dans les collections ou les expositions», explique Florence Bonneru, partagée entre sourire et soupir.
Désormais assaini au niveau de ses finances, le château ne peut toutefois pas mener grand train et doit soupeser chaque dépense. «L’équilibre est fragile, car nous devons aussi développer l’offre afin d’augmenter la fréquentation et la billetterie. Au niveau des séminaires et des mariages, nous avons une belle force de frappe, mais si la belle saison est complète, on ne peut pas forcer les couples à se marier en février ou novembre!»
Nouvelles pistes
Tout en développant les contacts avec les entreprises qui souhaiteraient sortir du bureau pour leur «mise au vert», le Château de La Sarraz veut également, à son rythme, développer la médiation culturelle et plus simplement la vie en dehors des collections. Pour commencer, une animation est en place pour les 10-12 ans, avec possibilité de célébrer son anniversaire et de participer à un jeu de l’oie «grandeur nature». «Nous prévoyons aussi des petites mesures comme un quiz, ce qui permet de développer une certaine interaction avec le public, d’aller plus loin que simplement regarder ce que le musée propose.»
Transition
À petites touches, il s’agit de réinstaller le site parmi ceux qu’il faut absolument visiter, même si l’ambition est plutôt à l’horizon 2020, avec une nouvelle muséographie qui doit donner un coup de jeune au château.
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À deux mois de la nouvelle saison – dès le 19 avril – plusieurs innovations seront toutefois déjà présentes pour mieux accueillir le public, qui pourra faire coup double en allant voir le Musée du Cheval. «Ce sont deux institutions indépendantes, mais nous voulons mieux collaborer et proposer des offres où l’union doit faire la force», assure Florence Bonneru. Abandonné depuis la réouverture en 2017, le billet combiné a été remis en place, alors que les jours et horaires d’ouverture ont été mis au diapason. «Qu’il s’agisse du Conseil de fondation ou de moi-même, nous avons conscience de la difficulté à faire avancer un aussi gros bateau, mais nous avons une grande motivation d’y arriver.» Il faut dire que le jeu – entendez par là ce superbe élément du patrimoine vaudois à l’histoire très riche – en vaut vraiment la chandelle.
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