Garantir la sécurité des rivières et favoriser la biodiversité

Après un premier essai concluant, l’Etat de Vaud veut accélérer les travaux d’entretien différencié des rives des cours d’eau. Cette méthode, respectueuse de la biodiversité, doit s’appliquer dans un premier temps à 65 des 400 kilomètres de tronçons de cours d’eau dont le Canton a la responsabilité. Ce nouveau mode d’entretien permettra de répondre à plusieurs objectifs du Plan d’action biodiversité du Conseil d’Etat.
L’entretien différencié des cours d’eau vise à garantir la sécurité des rivières (limitation du danger d’inondation et stabilité des berges) tout en appliquant des méthodes plus respectueuses de la faune et de la flore riveraine. Le remplacement du broyage par de la fauche, la limitation du nombre d’interventions, la conservation de zones de refuge pour la petite faune, l’alternance des zones d’entretien et la gestion des plantes exotiques envahissantes figurent ainsi parmi la palette des mesures mises en œuvre pour préserver ces espaces naturels et maintenir leur rôle de lieux de transit pour de très nombreuses espèces.
Un premier test de ces méthodes a été mené en 2021 sur le Grand Canal, dans le Chablais. Les quelque 17 hectares de berges de ce cours d’eau ont été intégralement entretenus par les équipes de la Direction générale de l’environnement (DGE) selon des objectifs écologiques. Le broyage, auparavant usuel, a été remplacé par de la fauche traditionnelle et, par endroits, par de la pâture avec des moutons. Le fruit de ces travaux pilotes fait d’ailleurs l’objet d’une capsule vidéo, la troisième consacrée aux travaux de renaturation du Grand Canal, mise en ligne sur www.vd.ch/renaturation.
Au vu du bilan positif tiré de cette expérience, le Département de l’environnement et de la sécurité (DES) a élargi ce type de pratiques. Grâce à un crédit d’investissement de 4,75 millions de francs accordé en juin 2021 par le Grand Conseil, près de 65 des 400 kilomètres de rivières dont le Canton assume l’entretien, font désormais l’objet de méthodes d’entretien écologiques. L’adoption de ces pratiques permet de répondre à deux des six axes prioritaires du Plan d’action biodiversité cantonal, adopté par le Conseil d’Etat en 2019. Il participe, d’une part, à la mise en place d’une infrastructure écologique fonctionnelle et contribue, d’autre part, à la lutte contre les espèces exotiques envahissantes.
La DGE a par ailleurs édité un guide pratique à l’attention des communes territoriales en charge de l’entretien de tronçons de rivières afin de les encourager à adopter des méthodes écologiques d’entretien des cours d’eau. Ce guide est disponible sur les pages du portail web de l’Etat de Vaud consacrées aux cours d’eau.
À lire également...

Sécuriser la Morges pour éviter une catastrophe

Études validées pour réaménager le Boiron

Le Bief à nouveau proche de son état naturel
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu de leurs propres yeux, le visage du Bief a bien changé. Son port a tout d’abord été dragué et remis en état fin 2016. Des travaux de renaturation à l’embouchure du cours d’eau ont quant à eux débuté en novembre dernier pour se terminer en juin. Au final, ce bout de rivière qui marque la frontière entre Morges et Préverenges a retrouvé un lit naturel.
«À l’origine, le Bief se jetait directement dans le lac en aval de la route cantonale», rappelle Alain Jaccard, chef de service des infrastructures et gestion urbaine à Morges. Son tracé a cependant été passablement modifié depuis les années 60, notamment à cause de différents remblayages intervenus lors de la construction de l’autoroute, de la STEP ou de l’aménagement du Parc de Vertou ainsi que de l’Esplanade Delarageaz.
Au final, le lit du Bief a été utilisé pour créer le port du même nom. Un choix qui s’avérera rapidement être le mauvais. «Comme un cours d’eau charrie des matériaux, ces derniers venaient se déposer dans cet espace et rendaient l’endroit peu fonctionnel pour les bateaux à cause de la hauteur d’eau fortement réduite par ces éléments», détaille Alain Jaccard.
Intercommunal
Il aura cependant fallu un certain temps avant que les autorités remédient au problème. Si l’aménagement d’un nouveau port qui aurait notamment pu accueillir la galère est étudié en 2001, l’idée passe à la trappe en 2003. Ce n’est que dix ans plus tard que les communes de Morges et Préverenges, considérant d’une part «les problèmes récurrents d’ensablement» et, d’autre part, «l’intérêt écologique», relancent le projet de détournement et de réaménagement du Bief, en aval de la route cantonale jusqu’à son embouchure.
À lire également: Un lifting de luxe pour la gare
Avec pour résultat un port tout neuf qui ravit les navigateurs, mais également un secteur que les autorités ont voulu exemplaire en matière de biodiversité. Depuis des années, Préverenges est une escale printanière incontournable pour les oiseaux migrateurs qui arrivent d’Afrique et sont en route pour la Toundra arctique. «Le projet de renaturation du Bief constituera un relais particulièrement bien placé pour les oiseaux limicoles, car il se trouve dans la baie la plus septentrionale du Léman. De plus, il complétera avantageusement le dispositif existant de l’Ile des Oiseaux, créée en 2001-2002 sous l’impulsion du Cercle ornithologique de Lausanne et située 1800 mètres plus à l’Est», estiment les autorités.
La rive remblayée dans les années 70 a donc été remodelée afin de former un estuaire offrant abris et substrats répondants aux exigences des différentes espèces d’oiseaux. Le reste de la faune et de la flore n’a cependant pas été oublié. «Nous avons construit des refuges pour les poissons et des plantes indigènes ont été introduites, ajoute Alain Jaccard. Un bras mort a également été constitué dans une partie de l’ancien lit. On espère que des petits animaux comme les batraciens puissent s’y installer dans un avenir relativement proche.»
Il était une fois, un 12 avril...
Abonnez-vous !
Afin d'avoir accès à l'actualité de votre région au quotidien, souscrivez un abonnement au Journal de Morges. S'abonner, c'est soutenir une presse de qualité et indépendante.