Perfide intolérance
La pathétique controverse entre les pro vax et les anti vax n’est que la modeste démonstration d’une sournoise évolution des comportements sociétaux.
On observe une polarisation des idées, une forte tendance à l’intégrisme comportemental et logiquement à l’émergence d’une nouvelle forme globalisée et perfide d’intolérance. Plus précisément, on supporte de moins en moins que l’autre n’adhère pas à ses propres idéaux.
Dans les nombreuses luttes en tous genres, les intentions du départ sont souvent louables, mais l’enthousiasme des militants à défendre leurs diverses causes les pousse vers un extrémisme qui ne tolère pas la nuance et encore moins la critique. C’est le piège! Prenons le combat anti binaire, celui pour un langage non genré, pour des WC non genrés, pour une écriture épicène, etc… Il se veut être l’expression d’un modèle d’intégration, mais il se fait si insistant, qu’il flirte à son tour avec son contraire par son intégrisme et son obstination. Le même enthousiasme militant conduit à l’inquisition populaire quand il trace le moindre discours sexiste, la moindre allusion à la race; une «clownerie» est un écart verbal, l’humour devient suspect, même la drague est au pilori. C’est ainsi que la société se censure elle-même, victime de sa propre intolérance. Claude-Inga Barbey, Laurence Cretegny, Guy Parmelin, viennent d’en faire concrètement l’expérience.
Oui, l’intolérance progresse. À son extrémité, elle fait le lit à de fumeuses théories vaguement complotistes, à des mouvements qui ont le repli comme seul chemin, le rejet de l’autorité comme système et les fake news comme moyen. Les réseaux «sociaux» servent de terreau fertile où l’intolérance aime à se vautrer. Caché derrière un écran, c’est plus facile. Du coup, les propos se radicalisent, les mots enflent et les menaces, même de mort, sont quotidiennes à celui qui ose exprimer un avis qui n’est pas le sien.
L’intolérance se nourrit de nos contradictions, de nos peurs, de nos ignorances. Jamais on n’a autant revendiqué sa différence, demandé à être compris, et paradoxalement jamais on a été aussi intolérant. On ne peut pas exiger de l’autre ce qu’on est incapable d’être soi-même. Si on peut sensibiliser l’autre à son problème, à son statut, à ses certitudes, on ne peut pas lui demander d’être l’identique. Sachons cultiver le réflexe salutaire d’écouter ceux qui ne pensent pas comme nous, de considérer ceux qui sont différents. Ils nous enrichissent de leur regard croisé, nous protègent de la pensée unique et nous rappellent que rien n’est si simple, ni tout blanc, ni tout noir. Alors si le grand Gilbert Bécaud était encore de ce monde, il pourrait reprendre sa mythique chanson «L’Indifférence» et l’intituler «L’intolérance». Succès assuré! «L’intolérance…elle te tue à petit coup…L’intolérance…tu es l’agneau elle est le loup…l’intolérance lalalala… lalalala!»
Il était une fois, un 27 janvier...
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