L’utilisation des mots

Amandine Sauty.
Un prof de la HEIG-VD nous disait à l’époque qu’en communication on peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres. J’ai découvert, entre autres sur une affiche avec un bébé, qu’aujourd’hui on peut faire dire n’importe quoi aux mots. Il y a les mots qu’on crie depuis le banc de touche, ceux que l’on susurre à l’oreille, les mots qu’on n’ose pas dire, ceux qu’on regrette d’avoir dit, il y a les mots magiques et les gros mots, les mots pour faire rire et ceux pour réconforter. Il y a les mots blessants, stigmatisants et mensongers de ces initiants, ignorant presque tout et méconnaissant le reste, que l’on entend depuis des semaines (qu’il parait encore loin ce dimanche 13 juin!). Et puis il y a les mots justes de cet agriculteur qui te propose d’échanger sur son métier et que tu consultes, car lui sait comment il soigne sa, ta, notre Terre, comment il prend soin de son outil de travail et tout le professionnalisme et le cœur qu’il met à l’ouvrage pour produire de manière durable ce qui te nourrit.
J’utilise volontairement le mot «agriculteur» alors que cet homme-là est paysan, littéralement «gens du pays». Mais lui-même n’ose plus cette dénomination, car on en a fait un mot à consonance péjorative en opposition au titre si pompeux d’«urbain». Pourtant mon paysan fait un des métiers les plus méritants du monde. Il peut en être fier. Sans lui et son savoir-faire, tu ne peux pas survenir au besoin fondamental: te nourrir.
Il y a deux mille ans, douze apôtres ont reçu une petite flamme sur la tête (j’abrège un peu la fête de Pentecôte). Grâce à elle, ils ont ensuite été capables de se faire comprendre de tous, de partager leurs mots simultanément avec des personnes qui ne parlaient pourtant pas la même langue. Depuis, on n’a rien vu de plus fort en termes d’outil de communication!
Mon paysan n’a pas reçu le Saint Esprit lui (quoique?) et pour se faire comprendre de ceux qui ne parlent pas forcément le même langage, il t’ouvre sa campagne. Il pourrait te refuser l’accès du territoire qu’il respecte et affectionne tant, toi, dont les aïeuls l’ont fui le siècle passé prétendant à d’autres aspirations, le laissant toujours plus seul avec la responsabilité de nourrir sainement toujours plus de concitoyens. Il serait tellement plus simple de creuser un fossé entre la ville et la campagne, de se barricader dans son village avec toute la biodiversité à laquelle mon paysan contribue et de cultiver ce clivage comme il cultive ses terres avec passion, mais il en a décidé autrement. Il veut partager sa vision et sa mission avec toi dans un esprit constructif.
Avec ses mots, il te présente sa réalité du terrain. Fais lui confiance. Il sait de quoi il parle. Tous les jours, il a les mains dans la terre. Il est soucieux tout autant que toi de la santé de ses proches et s’engage au quotidien pour l’environnement. Non, mon paysan n’est pas responsable de tous les maux.
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