Le point de vue de la rédaction: Tous victimes de la fatigue informationnelle?

De g. à d.: Maxime Rutschmann, Sarah Rempe, Maxime Schwarb et Lucas Philippoz
La fatigue informationnelle, c’est l’épuisement que l’on ressent face à la quantité d’informations à laquelle on est soumis quotidiennement. Est-ce une fatalité ou une invention? Comment la gérer? La rédaction donne son point de vue sur la question.
Manipuler les algorithmes
Au-delà d’être sujette à la fatigue informationnelle, je crois que je suis surtout victime de fatigue «mauvaise-informationnelle». Ce n’est pas tant l’excès d’infos qui me dérange que le fait qu’elles soient majoritairement négatives et décourageantes. Les folies quotidiennes de Trump, les massacres et attaques qu’on nous montre presque minute par minute… heureusement que mes algorithmes sont pour certains bloqués sur la Star Academy, histoire de décrocher un peu des horreurs de la planète (encore que même sur ce sujet, des internautes arrivent à s’insulter, c’est dire…) Ma solution, à part couper ses notifications, c’est justement de manipuler un peu ces algorithmes. Essayez de ne rechercher que des infos positives ou drôles le temps d’une journée et vous verrez que votre fil d’actu fermera instantanément les yeux sur la misère du monde. Et puis, il y a toujours la solution que je n’arrive à appliquer qu’en vacances: déconnecter en tout cas partiellement. Retrouver le plaisir de lire le journal tranquillement (ça tombe bien, cette édition est bien fournie et vous avez le week-end pour la parcourir) et ce même si les informations ont plusieurs jours. L’information est comme tout le reste finalement: il vaut mieux prendre le temps de faire les choses bien plutôt que d’y aller trop vite et de faire une indigestion.
Trop d'info tue l'info
La fatigue informationnelle guette-t-elle aussi les journalistes? La réponse est oui. Ces articles, ces reportages, ces commentaires, ces éditos, pire, ces chaînes d’information en continu dont la Suisse est, Dieu merci, – et pour l’instant – préservée. Depuis plusieurs mois, j’ai pris le choix de désactiver les pushs des applications d’information de mon téléphone. J’ai également supprimé de ce dernier toutes les applications sur lesquelles je passais mon temps à scroller plutôt qu’à réellement lire son contenu. Cela peut vous paraître radical, mais je ne me sens pas dépassé le moins du monde pour autant. Le problème, aujourd’hui, c’est que les médias cherchent à tout prix à être les premiers à sortir une information. Au détriment de la méthode, de l’orthographe, ou même de la vérification des sources, base de la déontologie journalistique. Donc savoir à 12h45 plutôt qu’à 12h13 que le Conseil national a voté tel ou tel texte… ça ne m’avance en rien. Avec cette masse d’information permanente, le risque, selon moi, est de décourager de plus en plus de monde à s’informer. Et si ce constat s’avère confirmé, tout le monde sera perdant. À bon entendeur, salut!
Attention à ne pas trop se déconnecter
Vous êtes peut-être surpris de lire que des journalistes puissent se sentir submergés par l’information. Mais nous ne sommes pas les seuls. Selon le Digital News Report 2024 du Reuters Institute for the Study of Journalism de l’Université d’Oxford – rien que ça –, un tiers des Suisses éviteraient «souvent» ou «parfois» les nouvelles. «L’intérêt pour l’actualité est en baisse et les personnes ayant « un répertoire informationnel lacunaire » sont en augmentation; elles représentent désormais 40 % de la population adulte.» Je suis le premier à dire qu’il est important de réussir à se couper des affres de ce monde de temps en temps. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un problème de riches. Il fut une époque pas si lointaine ou l’information était beaucoup plus lente et difficile d’accès. Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays, la liberté d’expression et d’informer sont réprimées. Les outils pour réguler le flux des actus existent, ils ont été évoqués. Les journalistes ont aussi un rôle à jouer pour aider les publics à rester à flot. Car en voulant ne pas être noyés d’infos, les citoyens risquent surtout de rester à quai.
Un outil pour se préserver
Si vous êtes parvenus jusqu’ici, jusqu’à cette page 27 qui clôt presque votre journal, c’est que vous n’êtes pas totalement blasés, n’est-ce pas? Si vous lisez ces lignes, alors que vous vous êtes déjà baignés dans l’actualité de Morges, Aubonne, Saint-Prex, Sévery, c’est qu’il vous reste un peu d’énergie. Et c’est tant mieux. Car nous sommes de plus en plus, en cette époque de surstimulation, à ressentir une fatigue, une lassitude, face aux nouvelles du monde – ou celles qui touchent à notre commune. Évidemment, les journalistes ne sont pas à l’abri. Peut-être sont-ils même les premiers concernés, eux qui reçoivent en une journée des dizaines de notifications de médias, eux qui regardent religieusement, entre collègues, le 12h45, avant de se replonger dans la rédaction d’un de leurs articles. Alors que faire? Comment agir? À mon échelle, j’ai récemment activé un bloqueur de notifications, sur mon téléphone, qui retient tous les pushs envoyés lorsque je ne souhaite plus les voir. C’est une solution comme une autre, surtout qu’elle ne m’empêche pas, si je le désire vraiment, d’aller consulter les nouvelles à 23 heures… Mais c’est au moins un outil pour me préserver.
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