André Faist

Domicilié à Tolochenaz, André Faist nous a quitté récemment. Il était un pionnier des études pour améliorer l’efficience des bâtiments alors que le sujet n’était de loin pas sur toutes les lèvres.

Son ami et ancien collègue de recherches Jean-Marc Suter, physicien SIA, Dr ès se. UNIL, lui rend un bel hommage.

J’ai bien connu André Faist, professeur honoraire à l’EPFL, récemment décédé. Pendant une douzaine d’années à partir de 1978, nous avons dirigé des travaux de recherche parallèles dans deux
approches différentes de la mise en valeur de l’énergie solaire dans le bâtiment. André Faist, physicien de formation, optimisait avec son équipe le gros œuvre au moyen de l’architecture solaire
et de la physique du bâtiment, tandis qu’à l’EIR de Würenlingen (devenu en 1988 le PSI), j’étudiais avec mon équipe les installations solaires thermiques pour l’eau chaude et le chauffage.

Un grand mérite d’André Faist fut l’étude – avec Jean-Bernard Gay et Nicolas Morel – de l’optimisation des apports solaires aux bâtiments. Avec ses collègues Claude-Alain Roulet et Niklaus Kahler, il apporta la physique du bâtiment dans le plan d’études des architectes à l’EPFL. Enfin, il intégra son équipe de physiciens et d’ingénieurs au Département d’architecture. Désormais, les architectes diplômés de l’EPFL savaient comment tenir compte des lois de la physique et consulter les ingénieurs dès le début de l’étude et de la planification d’un bâtiment. C’était entièrement nouveau pour eux. lis avaient ainsi une bonne longueur d’avance sur les architectes diplômés de l’EPF de Zurich, car ce département-là, longtemps bastion imperméable à la physique, n’a suivi l’exemple de l’EPFL et des quelques pionniers privés de Suisse alémanique que plusieurs années plus tard.

En résumé, le domaine du bâtiment économe en énergie doit beaucoup à André Faist. Son rayonnement fut particulièrement marqué en Suisse romande, mais aussi parmi ses pairs à l’étranger.

Un autre projet magistral d’André Faist fut la conception et la construction du LESO, le Laboratoire d’énergie solaire de l’EPFL. Ce bâtiment pilote, dont la façade sud est interchangeable par éléments modulaires, est devenu – et l’est toujours actuellement- le centre des recherches de l’équipe. Les mesures en conditions réelles effectuées dans ce bâtiment servant de lieu de travail ont permis la validation de nombreux modèles de simulation et le test de plusieurs nouveaux concepts de façades.

Je me souviens de la participation d’André Faist à la première commission de la SIA qui s’ est occupée d’énergie solaire. Le résultat de ces travaux fut la Documentation 48 «Sonnenenergienutzung im Hochbau» parue en 1982. A l’époque, une grande confusion régnait à propos des différentes façons d’intégrer l’énergie solaire au bâtiment. La notion d’énergie solaire incluait alors aussi les utilisations indirectes qu’on rassemble aujourd’hui sous le terme d’énergies renouvelables: le bois et la biomasse, les pompes à chaleur, etc. Les tenants des différentes approches se disputaient ardemment les priorités. Le mérite de la SIA fut de réunir des représentants de tous bords pour tenter de définir une démarche commune valable pour tous les projets.

André Faist fut aussi un excellent communicateur et rassembleur. Pour susciter les échanges entre les pionniers de la transition énergétique, il a lancé en 1979 le Symposium sur la recherche et le développement en énergie solaire en Suisse. Ce rendez-vous biennal a rencontré un succès considérable. Il s’est internationalisé et est devenu en 1991 la conférence CISBAT dont la réputation n’est plus à faire. Là encore, un projet de maître d’André Faist !

En résumé, le domaine du bâtiment économe en énergie doit beaucoup à André Faist. Son rayonnement fut particulièrement marqué en Suisse romande, mais aussi parmi ses pairs à l’étranger.

Abonnez-vous au Journal de Morges

Abonnez-vous !

Afin d'avoir accès à l'actualité de votre région au quotidien, souscrivez un abonnement au Journal de Morges. S'abonner, c'est soutenir une presse de qualité et indépendante.