Pierre Borgnana
Pierre Borgnana, «papa» du village, s’en est allé
Les circonstances ont fait que c’est dans l’intimité de la famille qu’ont eu lieu les obsèques du «papa» de la commune de Préverenges, Pierre Borgnana, décédé le 13 mars dans sa 85e année.
Ce terme de «papa», Pierre Borgnana l’avait reçu de ses collègues municipaux qui, en avril 1993, avaient tenu à le fêter: cela faisait 30 ans déjà qu’il était au service de Préverenges. «C’est le «papa» de la commune. Il a l’âme du vrai syndic vaudois, à l’écoute de ses administrées», disaient en chœur Gian Daeppen, Michel Cornut, Jean-Daniel Rouge et Gérald Hoffer. Sentiment que partageait bien sûr le secrétaire municipal André Zoëll, fidèle compagnon de route de Pierre Borgnana.
Petit-fils d’un émigré italien, Pierre Borgnana était viscéralement préverengeois. Il fréquente le Collège de Morges, fait un apprentissage d’employé de commerce, séjourne à Zurich puis entre en 1959 au service de Fonjallaz & Oetiker SA. Entreprise qu’il quitte à fin 2001. Il en était devenu directeur et associé.
«C’est après être revenu de Suisse allemande que j’ai demandé à faire partie du Conseil général. J’ai été installé le 12 février 1960. Armand Roulin était alors syndic. Préverenges, qui devait compter quelque 500 habitants, était à la veille d’une forte poussée démographique.»
Conseiller général, Pierre Borgnana ne le restera pas longtemps: il est élu municipal le 21 avril 1963. «On m’avait sollicité. Comme enfant de Préverenges, attaché à mon village, je ne pouvais pas refuser.» Pierre Borgnana finit la législature sous le «règne» du syndic Roulin. Auquel succède, en 1966, Daniel Nicolas dont les méthodes militaires ne font pas l’unanimité. La commune est divisée. En automne 1973, lors de l’élection de la Municipalité, le Conseil – devenu communal en 1966 – ne réélit pas Daniel Nicolas à la Municipalité. Pierre Borgnana accède à la syndicature. Il y restera jusqu’à fin mars 2005!
Pourquoi une si longue fidélité à la fonction? «Il faut poser la question au corps électoral qui, depuis 1981, élit les municipalités et qui m’a toujours renouvelé sa confiance, répondait-il. Sans doute parce que nous avons bien travaillé durant toutes ces années. Nous avons adapté les équipements à l’évolution de la population et cela tout en maintenant des finances saines. Être syndic, c’est endosser passablement de responsabilités. Ce sont bien des séances avec les représentants de l’État, des contacts suivis et sympathiques avec les communes voisines, du temps à consacrer à la préparation des dossiers. Mais c’est une tâche attachante: je m’y plais! D’autant plus qu’il y a toujours eu une bonne entente au sein de la Municipalité. Cela tient probablement au fait qu’il n’y a pas de partis politiques.»
Pourtant, Pierre Borgnana était un radical affirmé: il a été député au Grand Conseil de 1987 à 1993. Outre des finances communales, Pierre Borgnana s’occupait des canalisations. Cela lui a valu d’être, dès sa constitution en 1971, membre du Comité de direction de l’ERM (Association intercommunale pour l’épuration des eaux usées de la région morgienne) dont il a assumé la présidence de 1982 à 2005.
Avec «son» secrétaire municipal André Zoëll et Pierre Croisier, qui fut syndic de Lonay, Pierre Borgnana était membre fondateur du FC Lonay en 1957. Et le caporal grenadier Borgnana fut aussi abbé-président de l’Abbaye des Agriculteurs de Préverenges. Bien qu’atteint dans sa santé, il s’était associé aux festivités de la confrérie en 2019.
En guise de reconnaissance pour les immenses services rendus, en mars 2017, l’actuelle Municipalité de Préverenges a donné le nom du «papa» de la commune à une pièce de la Salle polyvalente.
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