Un grand cimetière de l’âge du Bronze final découvert à Denges

Les secteurs où se trouvent des sépultures à fouiller sont signalés par des bâches plastiques noires. Les tentent indiquent les tombes en cours de fouille. Image: Archeodunum SA, Y. Buzzi.
Une opération de fouille archéologique qui a débuté en juin 2021 a confirmé la présence en sous-sol d’un grand cimetière à incinérations de l’âge du Bronze final (vers 950-900).
Entre mars et avril 2019, des sondages archéologiques ont été réalisés à la zone industrielle du Trési, à Denges – Les Delésulles, dans le cadre du projet de construction d’un nouveau dépôt de bus pour l’entreprise de Transports de la région Morges-Bière-Cossonay (MBC). Bien qu’aucun indice archéologique n’ait été connu préalablement en ce secteur, la superficie des parcelles concernées, près de 20’000 m², présentait un risque élevé de toucher un site non encore répertorié. De plus, les terrains, occupés jusque-là par des cultures maraîchères, avaient été peu remaniés en profondeur, facteur de préservation de vestiges archéologiques discrets. La démarche s’est avérée judicieuse puisqu’elle a permis la découverte de deux tombes à incinération et de plusieurs fragments de récipients en céramique, laissant présager l’existence d’un site protohistorique inédit.
Les fouilles archéologiques préventives, confiées à l’entreprise Archeodunum SA, ont débuté le 14 juin dernier. Elles ont pour l’heure permis d’explorer 8’500 m² de terrain et mis en évidence la richesse insoupçonnée du gisement. D’un point de vue environnemental, il faut souligner que la quasi-totalité des déblais de ce vaste chantier est évacuée par le rail, ce qui minimise l’impact de l’opération.
Une centaine de structures archéologiques, réparties sur une surface d’au moins 4’000 m², sont déjà recensées. Près de la moitié d’entre elles correspondent à des fosses sépulcrales renfermant les restes de défunts incinérés. Fréquemment signalées par des dalles de couverture, les sépultures consistent en petites fosses circulaires de faible profondeur, dans lesquelles les récipients peuvent être disposés côte à côte, empilés, ou encore étagés. Les décors observés sur certains récipients suggèrent que la principale période d’activité de la nécropole se place vers la fin de l’âge du Bronze, soit entre 950 et 900 av. J.-C., phase chronologique caractérisée par une nette prédominance du rite de la crémation.
Ces sépultures revêtent un caractère exceptionnel, par leur bon état de conservation général et leur densité. À l’échelle nationale, elles forment sans doute une des nécropoles les plus complètes de l’âge du Bronze final. La dernière découverte comparable remonte au milieu des années 1990 dans le canton du Jura où le site funéraire de Delémont, En La Pran, fouillé à la faveur de la construction de l’autoroute A16, avait livré 35 sépultures à incinération de la même période.
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Eglantine cache des vestiges du passé
L’archéologie cantonale confirme que des structures protohistoriques ont été découvertes sur la parcelle du nord-ouest de la ville, là où quatorze immeubles verront le jour.
Peut-être en avez-vous déjà entendu parler? Depuis plusieurs mois, des rumeurs à propos de potentielles importantes découvertes archéologiques sur le chantier de l’Eglantine circulaient, notamment sur les réseaux sociaux. Certains évoquaient même «un site de l’Âge du Bronze» et s’inquiétaient de la poursuite des travaux. Et comme la direction de l’archéologie et du patrimoine ne souhaitait pas communiquer jusqu’à ce jour sur le sujet, le mystère restait entier.
Grâce à une lettre que l’on s’est procurée, on en sait désormais un peu plus sur les trouvailles. Dans un courrier adressé en mai dernier par les autorités cantonales aux responsables du chantier, on apprend que «plusieurs sondages ont révélé des vestiges protohistoriques, indiquant la présence d’un site encore inconnu». Afin d’en assurer la sauvegarde, une fouille archéologique préventive a été mise en place, et ce «avant les énormes terrassements qui vont être menés pour la réalisation des bâtiments et des parkings souterrains».
Procédure suivie
Ces traces du passé dateraient donc de la Protohistoire, période correspondant à l’Âge du Bronze (2200 à 800 av. J.-C.) et à l’Âge du Fer (800 à 52 av. J.-C.). À titre de comparaison, des indices de peuplements entre 8000 avant et 400 après J.-C. ont été révélés sur le site de la Caroline de Tolochenaz, à proximité des tombes du Bronze final (1100 à 800 av. J.-C.) de la fameuse nécropole du Boiron. Est-ce les mêmes individus qui ont foulé les parcelles de l’Eglantine?
Une nouvelle fois contactée, l’archéologie cantonale ne se montre pas beaucoup plus bavarde. Les responsables se contentent de confirmer que des structures protohistoriques ont été découvertes et que des fouilles sont en cours. «Je comprends que les gens aimeraient savoir ce qu’il se passe, mais nous suivons la procédure et ne communiquerons pas sur ce sujet avant la fin de la fouille préventive et la première analyse des trouvailles sur le terrain, explique Nicole Pousaz, archéologue cantonale. Je peux néanmoins d’ores et déjà assurer qu’aucun amphithéâtre n’a été découvert.»
Patience requise
On ne revivra dès lors pas un scénario similaire à ce qui s’était produit à Nyon en juin 1996. Pour rappel, un amphithéâtre romain avait été révélé à la surprise générale durant des travaux de terrassement en vue de la construction d’un immeuble.
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Les passionnés d’histoire qui souhaitent ardemment connaître la nature de la découverte sur les terres morgiennes devront prendre leur mal en patience. «Nous travaillons en harmonie avec la direction du chantier, indique Nicole Pousaz. Il est aujourd’hui difficile de dire combien de temps vont encore durer les fouilles qui sont tributaires du calendrier des terrassements.»

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