Le scoutisme, une tradition familiale | Journal de Morges
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Le scoutisme, une tradition familiale

Le scoutisme, une tradition familiale

Sylvie Faÿ a été scoute à Genève et est ravie d'avoir pu inscrire ses deux fils Ethan et Alex à la Tribu du Grand Lac à Morges.

Plongée dans le monde un peu mystérieux des scouts, une activité dont on conserve des compétences pour la vie et qu’on a souvent envie de transmettre.

Il serait peut-être malvenu de parler de virus en ces temps troublés, mais il y a dans le scoutisme quelque chose de viral. Dont on ne guérit jamais vraiment, semble-t-il. Les échos des anciens sont unanimes. Aussi bien les souvenirs façonnés que les compétences acquises au fil des ans restent pour la vie. Ou pour le présenter plus simplement: «Scout un jour, scout toujours!»

 

Pour les jeunes, ça peut faire office de bulle d’air, c’est un moment privilégié d’échanges en dehors des préoccupations quotidiennes

Jules Schminke, chef de la Tribu du Grand Lac

«C’est une école de vie, une sorte laboratoire géant où il y a de la place pour réinventer la poudre en continu, sourit Jules Schminke, chef de la Tribu du Grand Lac (TDGL), qui compte environ 120 membres. Pour les jeunes, ça peut faire office de bulle d’air, c’est un moment privilégié d’échanges en dehors des préoccupations quotidiennes.» Si cet univers reste facilement accessible à tous — rien que grâce au prix de la cotisation annuelle — le scoutisme est aussi une affaire familiale, où le bouche-à-oreille fait souvent le travail.

 

C’est le cas de Sylvie Faÿ, où la tradition s’est transmise sur trois générations: d’abord sa mère, puis elle, et enfin ses deux fils âgés de 10 et 13 ans, Alec et Ethan. «J’aime le fait que lorsqu’ils me parlent de leurs séances, je me sente complètement plongée dans ce monde-là, narre-t-elle. Les valeurs du scoutisme n’ont pas beaucoup évolué et c’est étonnant à quel point je retrouve le même esprit.»

Agité comme une puce, Alec énumère ses exercices favoris: «Ce que je préfère, c’est faire des feux, je trouve ça marrant de l’alimenter et de faire des veillées», s’exclame le louveteau, qui devra bientôt décider s’il souhaite rejoindre la catégorie des éclaireurs l’an prochain. Son grand frère, lui, se réjouit des responsabilités qu’on lui octroie, notamment dans le cadre de l’organisation d’activités. «Parfois, c’est un calvaire pour déterminer les lieux ou faire son budget, mais c’est super drôle d’apprendre à travailler avec de nouveaux outils.»

Souvenirs gravés

Il y a dans le discours des anciens scouts un brin de nostalgie lorsqu’ils évoquent cette facette de leur vie. Stéphanie Virnot, 25 ans, fait partie de ceux-ci. «J’ai notamment gardé des souvenirs incroyables d’un camp“Jamboree” en Suède qui rassemblait des jeunes de toute la planète, et aussi de jeux de rôles qui se déroulaient sur tout le week-end, narre-t-elle. Dans cette atmosphère où tout le monde est déguisé, on a l’impression de pouvoir être qui on veut.» En se remémorant certains moments marquants, elle et son père Olivier Virnot soulignent l’évolution du mouvement. «Le fond n’a pas vraiment changé, remarque l’habitant de Lully. En revanche, la forme si. C’était plus formel à mon époque, la notion de discipline était très importante et ça fonctionnait un peu sur le principe du bâton et de la carotte.»

(R)évolution

À la fin des années 1960, Olivier Virnot avait rejoint le sous-groupe Saint-André Morges, à l’heure où protestants et catholiques étaient encore séparés. «C’était confessionnel, poursuit-il. Un prêtre venait avec nous et donnait la messe.» Si la TDGL est devenue laïque depuis, le côté religieux et quasi paramilitaire — elle a d’ailleurs été fondée par André Chaponnier, un militaire, en 1925 — leur colle parfois à la peau. «Il y a eu un vrai détachement à ce niveau-là, assure Stéphanie. On a notamment modifié les paroles de certains chants et les chemises kaki à épaulettes ont été changées dans les années 2000 par des vareuses de marins.»

Si la tribu s’est détachée de Dieu, elle n’a pas laissé en reste ses coutumes ni sa veine spirituelle. «Le totem, l’aspect de tradition et l’idée de promesse sont encore présents, précise Jules Schminke. Mais nous sommes en évolution constante.»

 La débrouille

À la question de savoir ce qu’on conserve de son expérience de scout, c’est souvent le même mot qui revient: la débrouille. Notamment car les jeunes sont rapidement amenés à endosser des responsabilités et à mettre sur pied des séances ou des week-ends. «Pour les non-initiés, ça peut paraître fou que les enfants partent seuls dans la forêt avec des responsables d’à peine 18 ans, admet Jules Schminke. Mais il faut savoir qu’ils sont passés par plusieurs étapes d’un cheminement avant d’en arriver là.»

On s’est retrouvés largués dans la nature en Corse avec un camarade. On avait 30 francs français en poche pour quatre jours

Olivier Virnot, ancien scout de Saint-André Morges

Le don pour la «démerde» n’a rien de nouveau. Et ce n’est pas Olivier Virnot qui dira le contraire. «On s’est retrouvés largués dans la nature en Corse avec un camarade. On avait 30 francs français en poche pour quatre jours, mais on a tout dépensé en une soirée, raconte-t-il avec un sourire. Vu qu’on était complètement fauchés, on s’est trouvé un petit boulot dans un bistrot sur la côte.»

Outre la débrouille, le rapport privilégié à la terre s’affiche aussi comme une grande force. «Je n’aurais surtout pas fait des études en environnement sans cela, note Stéphanie Virnot. Ces expériences m’ont permis de sortir de ma zone de confort, ont fait naître chez moi des envies d’aventure, de voyage. Ce sont des choses qui restent.»

Saut dans le temps

En 1952, Charly Schopfer — ou «Chien Rouge» — rejoint la Tribu du Grand Lac. «Le train a passé, je suis monté dedans et je ne me suis jamais arrêté, image-t-il. Jusqu’à ce que je tombe amoureux!» Aujourd’hui âgé de 85 ans, il garde un souvenir intact de ses années dans le Clan de Wombats. Lui vient de la rue Couvaloup, alors quartier populaire et défavorisé de Morges. L’apprenti maçon a un profil radicalement différent de celui des boy-scouts de l’époque, souvent «des fils de bonne famille». Mais plus que «les traversées dans 1 mètre 50 de neige en shorts», ce sont les rencontres qu’il fait à travers le scoutisme qui le marquent à jamais. «C’étaient de très bons garçons, je les aimais énormément. On pouvait parler de choses qu’on n’aurait jamais pu aborder avec nos parents.»

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