Le Canton de Vaud invente le logiciel faiseur de Suisses

Par Claude Beda, 24 Heures
Le Canton met en ligne deux outils dernier cri pour se préparer au test de connaissance en vue d’une naturalisation.
Non le «Schwyzerdütsch» n’est pas une spécialité culinaire! Et la garde suisse ne protège pas le Carnaval de Bâle, ni le CIO à Lausanne, mais bien le pape à Rome. Le Canton de Vaud a mis en ligne jeudi sur son site deux outils interactifs dynamiques, uniques en Suisse, dont le but est de faciliter l’apprentissage des candidats à la naturalisation qui se préparent au test de connaissances.
«Il s’agit également de combler nos lacunes constitutionnelles et de tenir compte du durcissement du droit fédéral, explique le conseiller d’État Philippe Leuba. En 2019, des questions posées à Nyon ne respectaient pas le cadre légal. Ce qui a donné lieu à des procédures qu’il faut bannir. Il est permis de demander aux candidats à la naturalisation combien de municipaux siègent à Goumoëns, mais pas quelle pointure chausse le syndic.»
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Près de 10’000 questions
Aux 160 questions générales sur la Suisse et le canton s’intègrent 32 questions locales portant sur la localité de résidence. Au total, ce sont près de 10’000 questions proposées par les 302 villes et villages vaudois qui ont été validées par le Canton. «Un énorme travail destiné aussi à aplanir les difficultés des communes, commente Mélanie Buard, cheffe de la division Communes et nationalité du Service de la population (SPOP). Le domaine étant très sensible, la formulation des questions a été supervisée par l’Université de Neuchâtel.»
L’application A-Vaud-test génère automatiquement un questionnaire de connaissance sur la Suisse. Parmi les 160 questions existantes, elle en sélectionne aléatoirement un nombre équivalent dans quatre champs d’études: géographie, société, politique et histoire. Et cela au niveau suisse, vaudois et communal.
Il est permis de demander aux candidats combien de municipaux siègent à Goumoëns, mais pas quelle pointure chausse le syndic.
Philippe Leuba, conseiller d’État
En plus du questionnaire officiel sous forme de questions à choix multiples, un tutoriel permet de bénéficier d’explications contextuelles. Élaboré sous l’égide du Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers (BCI), cet outil didactique donne accès à des textes, des illustrations, des animations et des enregistrements sonores. «Sa conception et sa facilité d’accès en font un instrument pouvant intéresser tous ceux qui souhaitent parfaire leur culture sur la Suisse, le canton et ses communes, notamment dans le domaine scolaire», glisse Amina Benkais-Benbrahim, cheffe du BCI.
Pour réussir le test de savoir, le candidat à la naturalisation doit obtenir 70% de réponses justes aux 48 questions posées. Mais le processus de naturalisation prend aussi en compte la durée de résidence et le degré d’intégration. «Si une personne a raté de justesse le test et qu’elle est bien intégrée, elle peut obtenir la naturalisation, précise Philippe Leuba. Cette appréciation est laissée aux communes.»
À l’entrée en vigueur, en 2018, de la nouvelle législation fédérale sur la nationalité, le Canton avait introduit dans la loi sur le droit de cité vaudois un test officiel standard à l’échelle cantonale pour contribuer à harmoniser la pratique. Les questions et réponses portant sur la Suisse et le canton figuraient déjà sur le site cantonal sous forme de fichiers «pdf» statiques. Et sans les questions concernant les villes et villages. Ceux-ci devaient bientôt bénéficier d’une version de A-Vaud-Test destinée à leur faciliter l’organisation des sessions d’examens.
Le Major Davel n'est pas un peintre
Le Major Davel n’était pas un peintre, ni le vainqueur du Sonderbund. Et il n’est pas mort dans son lit. À force de se le faire répéter par le nouveau logiciel, le candidat à la naturalisation – ou la personne désireuse de parfaire ses connaissances en culture suisse – finira par savoir qu’Abraham Davel était un patriote vaudois, mort décapité. L’intéressé pourra aussi se replonger dans le contexte de l’époque via le nouveau didacticiel. Il apprendra encore par des textes et en audiovisuel que cette figure emblématique avait marché sur Lausanne avec 600 hommes exigeant des autorités de libérer le canton, avant d’être condamné à mort.
Plus de 120 questions sont de portée fédérale et cantonale: au bord de quel lac est située la pairie du Grütli? Dans quel canton se trouve le Cervin? Quelle rivière traverse le canton de Vaud? Et que signifie «Vaud»? Le pays des forêts, bien sûr!
Les questions communales, au nombre de 9664, constituent la grande nouveauté du questionnaire officiel. Il suffit d’introduire le nom de la commune pour trouver les 32 questions qui lui sont consacrées. À Lausanne, le candidat devra connaître entre autres le nom du syndic et l’emplacement des piscines gratuites de la ville. À Montreux, il devra savoir où se trouve le centre géographique de la commune. Pas facile!
À vous de jouer!
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