L’année 2022 en 26 lettres (K à O)
L’abécédaire de 2022 par toute l’équipe du Journal de Morges, des journalistes aux correspondants, des responsables de la publicité aux photographes, du dessinateur au directeur…
Karaoké par Amandine Sauty, chroniqueuse
Mon téléphone bipe, message sur le groupe WhatsApp de La Bande: «On va à la soirée Karaoké de la Crique samedi?» La réponse collective ne se fait pas attendre: «Plutôt mourir!» Ce n’est pas tant le lieu, théâtre du psychodrame qu’on sait, qui causait cette prise de position ferme; non, tout boycotte de la nouvelle buvette, en soutien à La Coquette, ayant été lâchement abandonné dès qu’on a découvert, à la soirée d’ouverture, que la moitié de nos connaissances allait y passer leur été. Non, c’est le concept de la soirée chantante à Morges qui était remis en question! Comment imaginer que cela soit une bonne idée de faire chanter ces braves Morgiens dans un micro, avec du matériel d’amateurs, en extérieur, devant des inconnus? Hors de question de participer à ce naufrage.
Mais comme apparemment, il en faut peu pour qu’on retourne notre veste quand il s’agit de faire la fête, ce samedi de fin juillet, mes amis et moi nous sommes finalement installés à la place Louis-Soutter pour écouter et surtout critiquer, pensais-je, les recalés de The Voice. Écoutes il y a eu, critiques beaucoup moins… En effet, premièrement, ces apprentis chanteurs n’avaient pour beaucoup rien à envier à ceux qu’on entend sur les ondes quotidiennement, et les autres compensaient avec leur prestation scénique. Deuxièmement, l’animation et l’organisation de la soirée étaient maîtrisées et finalement l’enchaînement des chansons bien vu.
Quand est arrivé le temps de la dernière chanson et que les premières notes de Sous les sunlights des tropiques ont retenti, j’ai enfin trouvé quelque chose à redire et me suis exclamée à haute et dédaigneuse voix: «Nooon, les organisateurs n’ont pas choisi de finir là-dessus, c’est nuuulll.» J’ai rapidement ravalé mes grands airs de celle qui croit qu’elle connait quelque chose à l’organisation de fêtes, lorsqu’en me retournant j’ai vu l’entier des personnes présentes, jeunes, vieux, du coin, de plus loin, blond, brun, éméché ou à jeun, se lever pour rejoindre la piste de danse improvisée et s’égosiller sur les paroles de Gilbert Montagné. Ce soir-là, La Crique avait assuré. Et le reste de l’été aussi! «Fa mi fa sol do» Bravo!
Lacustre par Chantal Chambaz, présidente des Vins de Morges
C’est un magnifique pari que se sont lancés les Vins de Morges dans le cadre des 600 ans du Servagnin: proposer une Cuvée Lacustre!
C’est sous un soleil radieux d’avril, le jour de l’ouverture du salon des vins Divinum, que les Vins de Morges, sous l’effigie des 600 ans du Servagnin, ont immergé plus de 300 bouteilles au large du Boiron. La moitié de ces bouteilles ont été repêchées début novembre à l’occasion du Salon Nautique du Léman. Bien que quelques habitants du lac se soient réfugiés à l’intérieur des caisses, c’est avec émotion que nous avons pu constater que les bouteilles et le vin s’étaient comportés à merveille au fond de notre lac. Nous nous réjouissons donc de sortir le solde de ces bouteilles en avril prochain. Et c’est à Divinum, sur le stand des Vins de Morges, que vous pourrez découvrir et déguster la toute première Cuvée Lacustre de Servagnin.
Marché par Gaëlle Monayron, correspondante
L’effervescence de la Grand-Rue, les odeurs qui se mélangent, les bribes de conversations – souvent sur la météo – s’échappant de l’un ou l’autre stand, les étalages de jouets aux couleurs vieillies succédant tantôt à ceux de légumes et tantôt à ceux d’objets en tous genres, le marché de la Coquette a quelque chose de singulier. Peut-être parce que malgré la foule, les gens semblent se connaître et la probabilité d’y croiser des visages familiers est forte.
Ces rendez-vous matinaux ont quelque chose de rassurant, car au milieu d’un monde qui évolue à cent à l’heure et qui se veut sans cesse «mieux», «plus», «d’avantage»… eux ne changent pas. En toute simplicité, ils sont là, dans la Grand-Rue, fidèles au poste depuis de nombreuses années, tous les mercredis et samedis matin.
Enfant déjà, je me souviens du plaisir que j’avais à déambuler sur ces pavés aux côtés de ma maman, à chercher des yeux le gonfleur de ballons et à m’arrêter devant les stands les plus colorés. L’escapade du samedi matin commençait d’ailleurs toujours par un petit arrêt à la Boîte à thé et se terminait systématiquement par un stop – très attendu – à Planète Sandwich.
Aujourd’hui, lorsque j’y reviens, les odeurs du traditionnel marché me font immédiatement l’effet «Madeleine de Proust». Je suis toujours impressionnée de voir comme rien n’a changé et combien cette bouffée de simplicité peut se révéler agréable et réconfortante. L’atmosphère conviviale qui y règne semble intemporelle.
Peut-être suis-je trop attachée aux traditions, mais il y a dans la constance quelque chose d’inspirant. Une force et une volonté qui, ancrées dans un soupçon de discipline, semblent défier le temps et ses aléas.
Naviguer par Marie-Christine Guerra, responsable de la publicité
En ces temps troublés et remplis d’incertitudes, on serait tenté de naviguer à vue dans cet environnement anxiogène. Mais chaque jour, il suffit d’ouvrir les yeux pour découvrir, dans notre beau district, des raisons de s’enthousiasmer et de, malgré tout, garder confiance en l’avenir. En effet, penser à tous ceux qui, chaque jour, s’investissent corps et âme dans leurs activités respectives ne peut que nous réjouir. Les soignants, les services publics, les agriculteurs, les maraîchers, tous ceux qui travaillent avec des horaires irréguliers, qui se lèvent aux aurores pour nous offrir, chaque jour, les biens essentiels; cette liste est bien sûr non exhaustive.
En cette période festive, tous nos artisans qui exercent des métiers de bouche ne comptent plus leurs heures pour offrir à temps, à tout un chacun, un grand choix de «plaisirs gustatifs». Sans oublier le rush des préparations et de la gestion des commandes pour les repas de Fêtes qui comblent vos invités dans la chaleur et la joie du partage.
De plus, les différents marchés qui illuminent notre belle ville de Morges sont autant de points de rencontre, d’échanges et de retrouvailles bienvenues en cette période, je l’espère, baignée de lumière intérieure à défaut de celle extérieure.
On relèvera à cet égard l’engagement des commerçants qui, en plus de leurs activités quotidiennes, s’investissent sans compter pour l’organisation et la réalisation de ces marchés.
En conclusion: que la nouvelle année qui s’annonce vous permette de continuer à naviguer en toute quiétude vers la réalisation de tous les projets qui vous tiennent à cœur.
Orgue par Jean-Paul Perrin, chroniqueur
Quel organe!
Attention, ça peut être autre chose que ce à quoi vous pensez… Ah, les mots et leur histoire… «Quel organe», ça peut vouloir dire: «Vous avez une voix magnifique, ou vous avez un superbe piano, ou voilà un splendide scalpel bien aiguisé, ou, tiens, un rabot bien lisse», tous sens que le mot organe a eus tout au long de sa vie. Il vient du grec par le latin et tourne toujours autour de l’idée d’instrument, de quelque chose d’utile; on en use même pour ce grand instrument de musique plein de tuyaux, qu’on a aussi appelé ainsi jusqu’au début du XXe siècle en concurrence avec le mot qui nous reste: orgue.
Évidemment que le mot orgue a d’autres titres de noblesse plus flamboyants: avec amour et délice, il est le seul à être masculin au singulier et féminin au pluriel, là alors pour lui donner un ton emphatique et majestueux. Ce serait donc une idée plus qu’intéressante, à notre époque où l’on ne jure que par l’écriture inclusive, pour promouvoir l’égalité de genre: décider que tous les mots français, masculins au singulier, seront féminins au pluriel, ou l’inverse. Plus personne n’aurait à y redire. Affaire à suivre…
Pour l’heure, mais peut-être l’avez-vous manqué? Les 26 et 27 novembre derniers, les nouvelles orgues du temple de Morges ont été inaugurées en même temps que l’édifice célébrait ses 250 ans. Ce fut une fête joyeuse, populaire et de haute tenue. Morges est donc dotée maintenant d’un instrument à trois claviers, 40 jeux et plus de 3000 tuyaux, fabriqués avec une minutie d’artisans. Quel organe!
Bach n’est plus là pour le faire chanter, mais il a des successeur-euses dignes et brillant(e)s. Il aurait eu sans doute plaisir à tenir l’orgue de ce temple, inauguré 22 ans après sa mort, ce que rappelle une plaque de marbre au-dessus de la porte principale, où sont gravés, en plus de la date de 1772, «A Dieu seul la gloire». Et c’est exactement ce que le grand Jean-Sébastien notait sur chacune de ses partitions et compositions: SDG, Soli Deo gloria.
Abonnez-vous !
Afin d'avoir accès à l'actualité de votre région au quotidien, souscrivez un abonnement au Journal de Morges. S'abonner, c'est soutenir une presse de qualité et indépendante.