« Le théâtre est une école de vie »
Chaque semaine nous vous proposons un portrait estival d’une personne active dans le district ou plus loin qui a accepté de nous rencontrer autour d’une fondue dans un chalet d’alpage.
Dans le cadre idyllique de l’Abbaye, au cœur du Jura vaudois, Sandro Santoro nous rejoint sur la terrasse des Croisettes. «Si j’avais eu davantage de temps je serais monté à pied, l’endroit est magnifique!» Difficile de le contredire tant le paysage a des allures de carte postale. Un dépaysement apprécié pour celui qui ne s’octroie pas beaucoup de vacances. «Je suis joliment toujours en train de travailler, sourit-il. Mais j’arrive à me ressourcer de temps à autre. C’est chouette de pouvoir le faire si près de chez nous.»
Après avoir passé commande – une fondue et 3 dl de vin blanc –, notre invité nous en livre un peu plus sur lui. Enfant de Morges, Sandro Santoro est surtout connu du milieu culturel. Indépendant, il œuvre en tant que metteur en scène, acteur ou concepteur de projet dans la région. Récemment, c’est lui qui a été à l’origine du spectacle «Comme un air de West Side», la comédie musicale proposée par les gymnases de Morges et Beaulieu en avril dernier. Il est d’ailleurs responsable des cours facultatifs de théâtre pour ces deux établissements. Un joli clin d’œil du destin puisqu’il a été, en tant qu’élève, l’un des initiateurs de ces «cours fac’». Il se rappelle: «J’ai découvert cette passion à Beausobre avec mon professeur, monsieur Guibert. Il nous faisait jouer des petites scènes en classe. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que ça me plaisait. Au gymnase, nous sommes plusieurs à être allés frapper au bureau du directeur de l’époque pour lui demander de mettre en place des cours facultatifs de théâtre. Il a été d’accord. Et 20 ans plus tard, ils existent encore et je suis toujours là. C’est plutôt marrant.»
De Vidy à la Birolande de Bière, c’est du théâtre! Il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière d’en faire.
Sandro Santoro
Et celui qui est devenu bourgeois de Lonay en demandant la nationalité suisse (l’homme est italien d’origine) aime partager sa passion. «Le théâtre est un excellent moyen de découvrir et de tester ses limites, explique-t-il. J’adore travailler avec des jeunes car à cet âge, entre 15 et 17 ans, ils sont en pleine construction d’eux-mêmes et cet art aide beaucoup dans l’affirmation de soi. De plus, je crois qu’ils m’apprennent autant que je leur enseigne. C’est ça qui me plaît.»
Histoires racontées
Autour du caquelon, les échanges deviennent un peu plus généraux – voire idéalistes – et Sandro Santoro nous explique pourquoi, selon lui, même dans le monde «hyperconnecté» actuel, le théâtre aura toujours une place. «Depuis la nuit des temps, les humains ont besoin de raconter des histoires. Si on regarde, déjà dans la grotte de Lascaux, les hommes ont peint sur les murs pour rapporter quelque chose. Aujourd’hui encore, c’est une nécessité pour la société d’interroger son imaginaire et de se faire conter des récits. C’est l’un des rôles du théâtre.»
Celui qui a fait ses armes notamment aux Trois P’tits Tours estime d’ailleurs que le 6e art est accessible à tous. «Peter Brook (ndlr: un metteur en scène, acteur et réalisateur britannique) définit cet art en disant que c’est un espace vide avec quelqu’un qui regarde et quelqu’un qui passe dedans. C’est très vaste. Mais de Vidy à la Birolande de Bière, c’est du théâtre! Il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière d’en faire.»
Il subsiste néanmoins une difficulté pour celui qui se lancera dans la réalisation: «À mon tout petit niveau, il n’est pas évident de vendre un projet, reconnaît Sandro Santoro. Pourtant, et paradoxalement, se voir refuser des propositions se révèle très formateur et nous pousse à nous perfectionner. Le théâtre est une véritable école de vie!»
La ville culturelle
Après de lourdes hésitations quant au choix du dessert – la carte offrant une sélection aussi alléchante que variée – c’est attablé autour d’une crème brûlée et d’un café gourmand que vient naturellement la question de l’offre culturelle (très) riche de la région morgienne. «C’est quand même fou tout ce qui est proposé, relève Sandro Santoro. C’est une véritable richesse et je ne sais pas si tout le monde a conscience de cela. Prenez un agenda et regardez le nombre d’événements qui se passent le week-end par chez nous. On aura jamais trop de culture car il y en a pour tous les goûts. Morges est une ville qui bouge, qui se développe architecturalement et au niveau de la population. Il est important de continuer à proposer des choses. Je pense même que l’on pourrait encore améliorer certains points, en favorisant notamment les partenariats. Et pourquoi ne pas créer une sorte de penchant du «passeport gourmand» et réaliser un «passeport culturel» offrant des rabais dans les différents lieux morgiens?»
Des idées, Sandro Santoro en a et n’a pas fini d’en avoir. Il compte d’ailleurs faire bouger Morges, une ville «à laquelle il est très attaché», dès le mois de septembre avec un projet innovant et original (voir encadré). De quoi recommencer à s’occuper une fois cette parenthèse à la montagne refermée.
Le coucou project
Avec sa compagnie Naphtaline, Sandro Santoro aime innover. Et c’est à Morges que son nouveau projet verra le jour. «L’idée est de créer une saison itinérante à Morges, explique le metteur en scène. Dans la ville, il n’y a pas de petites salles qui soient dédiées à l’accueil de différents spectacles. On a donc pensé aux salles communales.» L’Espace 81, la patinoire, les caves de Couvaloup, et bien d’autres lieux inédits seront ainsi le théâtre de diverses représentations. «Une fois par mois dès le 1er septembre, on proposera de la danse, des clowns, de la littérature ou de la poésie, le tout en association avec différentes sociétés morgiennes. À l’image des «comédiens» de Charles Aznavour, on arrivera le matin, puis on montera, on jouera, on démontera et on repartira. Comme le coucou qui pond ses œufs dans d’autres nids.»
Un petit coin de paradis combier
Par sa carte et son environnement, la buvette des Croisettes marque les esprits des visiteurs.
Située dans le Parc naturel régional du Jura vaudois, la buvette des Croisettes se trouve sur l’alpage du même nom. Sur la route, ancienne voie romaine reliant le col du Mollendruz à la Vallée de Joux, le lieu regorge de vie. Et pour cause! Outre la place de jeux et une table de ping-pong à disposition des enfants, on peut découvrir quelques animaux de la ferme autour de la buvette, qui se promènent même parfois en toute liberté. Les patrons, Louis-François et Roseline Berney sont producteurs de vaches Highlands bios et l’on constate bon nombre de plats la mettant en valeur, notamment en burger ou en tartare pour le plaisir du palais!
À la carte justement; si comme toutes les buvettes d’alpage celle des Croisettes fait la part belle aux mets «traditionnels» (raclette, fondue, croûte au fromage, pâtes du chalet ou assiette de viande séchée), elle offre aussi des propositions atypiques comme «La cupesse», un émincé d’highland, moutarde et crème, servi avec son «chapeau» de pâte feuilletée maison au beurre et ses légumes. On pourra également se laisser tenter par la «tomme en chaussette», emballée dans du jambon et servie avec des pommes de terres gratinées et de la salade, ou encore par un «berbots», un plat traditionnel combier.
Pour le dessert, les gâteaux au feu de bois varient selon la saison «et l’humeur du jour» nous a confié le serveur avec un sourire. La tartelette au citron, les mousses au chocolat ou, pour les plus affamés, les meringues à la crème double sauront ravir toutes les papilles.
Et pas d’excuse de ne pas se laisser tenter puisque la région offre un panel d’opportunité de promenades digestives à couper le souffle. Dans un véritable décor de carte postale, entre forêt et pâturage, la buvette propose un parcours de 40 minutes à pied avec poste de découverte des oiseaux de la région. De quoi apprendre après s’être régalé!
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