La bière en terrasse au bout du tunnel | Journal de Morges
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La bière en terrasse au bout du tunnel

La bière en terrasse au bout du tunnel

«Les émissions quotidiennes de CO2 ont chuté de 58% en Europe depuis le début du confinement.» 58%!?!? Quoi?!?!

Éberlué, je relis le titre de cet article qui vient d’attirer mon attention. C’est bien ça, 58%. C’est fou! Ça fait comme une étincelle de joie dans ma poitrine. Comme un soulagement.
Je suis très atteint et déprimé par les incessantes prédictions pessimistes concernant l’avenir de la planète. Les rapports du GIEC chaque année plus alarmants.
Cette manière qu’on a de nous dire sans arrêt qu’on va dans le mur, que nos enfants vont vivre dans un monde pourri et violent. Puis d’ajouter qu’on n’a pas le choix, que si on veut continuer à pouvoir payer les retraites, le filet social, les écoles et toutes les belles choses que la sociale-démocratie nous offre, il faut que le PIB augmente un peu chaque année. On est pris entre le marteau et l’enclume. Il faut que l’économie croisse pour le bien commun, mais cette croissance relâche, dans une sorte de photosynthèse inversée, des mégatonnes de CO2.
Et tout à coup, on a plus le choix: le Coronavirus arrête tout et nous plonge dans un monde de lenteur. Et l’une des conséquences heureuses cette lenteur imposée, c’est la diminution spectaculaire de la pollution.

Attention, il ne s’agit pas d’enjoliver la situation. Je n’oublie pas les morts, le deuil, le stress du personnel soignant, la solitude des aînés dans leur appartement ou leur EMS. Sans parler de la récession et des faillites. Je n’oublie pas.
Mais ce Coronavirus a le mérite de nous bousculer dans nos routines personnelles. De questionner ce qu’il y a de vraiment important dans nos vies. Par exemple, j’avais prévu de faire un grand voyage cet été. Le Costa Rica ou l’Asie du Sud-est. Je n’étais pas encore bien décidé. Évidemment je ne ferai pas ce long périple. Et franchement, je me sens un peu con. Qu’est-ce que j’avais besoin d’aller à l’autre bout du monde? Est-ce que ces vacances m’auraient vraiment rendu heureux? Qu’est-ce qu’elles m’auraient apporté sinon la preuve que je pouvais enfin me les payer?

Parce que je ne suis pas meilleur que quiconque, je m’intéresse aux questions d’écologie. Mais quand il s’agit de partir en vacances, je peux faire de petits arrangements avec ma conscience.
Enfin pas cette année. Cette fois je serai cohérent. Je marcherai jusqu’aux Grisons et je ne serai pas moins heureux. Probablement un peu plus serein même.
Débarrassé du superflu, je constate que ce qui me manque réellement, c’est les copains, les copines, les parents. Je ne suis pas le seul dans ce cas, non? J’ai tellement envie de contact humain! De bières en terrasse, collés-serrés à huit autour d’une table pour quatre. Ça oui! Dieu sait à quel point je me réjouis de retrouver ça. Et la convivialité a cela de supérieur aux biens de consommation, c’est qu’elle réchauffe les cœurs, mais pas le climat.

Simon Romang

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